Je m’excuse si mes propos vous ont offensé, mais je vous assure qu’ils ne vous étaient pas destinés”, écrit Benkirane, tout en s’excusant si ses propos ont pu être mal interprétés.
La lettre intervient dans un contexte de tension autour de la question de la laïcité dans le débat public marocain. Benkirane précise que ses critiques visaient principalement “ceux qui voulaient l’exploiter (la déclaration du ministre, ndlr) à de mauvaises fins”, faisant référence à des groupes qu’il considère comme malintentionnés et cherchant à instrumentaliser les déclarations de Toufiq contre “les constantes” du pays.
Tout en exprimant son respect pour le ministre, avec qui il affirme avoir travaillé “côte à côte, pendant cinq longues années”, Benkirane insiste sur son attachement à ses propos et sur la nécessité d’un dialogue futur, dans des circonstances appropriées, entre les courants islamiques et ceux “dits laïques”.
La lettre de Benkirane vient en réponse à celle qui lui a été adressée par Toufiq. Dans cette dernière, le ministre des Habous avait réagi aux critiques formulées à son encontre après ses récents propos au Parlement sur la laïcité.
Toufiq avait ouvert sa lettre par une mise au point : “J’ai été accusé d’avoir déclaré que l’État au Maroc est laïque. Or, je n’ai jamais mentionné l’État, qui est celui de la Commanderie des croyants.”
Le ministre avait également reproché à Benkirane de ne pas avoir cherché à vérifier ses propos avant de les commenter : “Il était de votre devoir de me demander ce que j’ai dit et ce que j’ai voulu dire. En ne le faisant pas, vous avez colporté une accusation mensongère.”
Toufiq a par ailleurs mis en exergue une contradiction dans les critiques de Benkirane, en rappelant que le fonctionnement des partis politiques modernes s’appuie sur des principes empruntés aux systèmes occidentaux, notamment la laïcité : “Vous êtes à la tête d’un parti politique moderne, un modèle inspiré d’un système occidental laïc”, ajoutant que la gestion des affaires publiques au sein du gouvernement repose sur “des lois rationnelles et des décisions d’inspiration internationale”.