Avant que le Sénégal ne demande à la France d’y fermer ses bases militaires et que le Tchad n’annonce rompre ses accords de coopération de défense avec Paris, quatre anciennes colonies françaises avaient déjà, les unes après les autres, enjoint Paris à se retirer de ces pays où l’armée française était historiquement implantée.
A l’issue d’un bras de fer de deux mois avec le régime militaire nigérien, le président français Emmanuel Macron a annoncé en septembre 2023 le retrait « d’ici la fin de l’année » des 1.500 militaires français basés au Niger, qui était avant le coup d’Etat du 26 juillet l’un des derniers alliés de Paris au Sahel.
Les militaires au pouvoir à Niamey ont célébré dans la foulée « une nouvelle étape vers la souveraineté du Niger ».
Les derniers militaires français déployés dans le pays ont quitté le territoire en décembre 2023. Leur départ a été célébré par des milliers de Nigériens.
Plus de neuf ans après avoir été accueillis au Mali comme des « sauveurs » face aux groupes jihadistes, les militaires français ont achevé le 15 août 2022 leur retrait du pays.
Ce départ, ordonné le 17 février par Emmanuel Macron, était devenu inéluctable du fait de la dégradation des relations avec la junte et face à une hostilité grandissante de l’opinion publique malienne. Quelque 2.400 militaires français y étaient alors déployés.
Les militaires au pouvoir à Bamako depuis le putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 se sont tournés militairement et politiquement vers la Russie, allant, selon de multiples sources, jusqu’à s’assurer les services du groupe paramilitaire russe Wagner.
A l’opération Serval lancée en janvier 2013 contre les groupes jihadistes qui avaient conquis le nord du pays et menaçaient de descendre plus au sud, avait succédé en août 2014 l’opération Barkhane, visant les jihadistes disséminés dans les pays de la bande sahélo-saharienne.
La France a officialisé en novembre 2022 la fin de Barkhane.
Peu après le retrait du Mali, les 47 derniers militaires français déployés en Centrafrique ont décollé le 15 décembre 2022 de l’aéroport de Bangui. L’essentiel des 130 militaires qui composaient le contingent avaient quitté le pays les semaines précédentes.
Ce retrait avait été décidé par Paris en juin 2021, face au rôle grandissant de Wagner dans ce pays, en guerre civile depuis 2013.
La France a jugé Bangui « complice » d’une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie et accusé les paramilitaires russes de commettre des exactions contre les civils et d’avoir instauré un régime de « prédation » des ressources de la Centrafrique.
L’ancienne puissance coloniale avait déployé en 2013 plus d’un millier de soldats en Centrafrique dans le cadre de l’opération Sangaris, avec le feu vert de l’ONU, pour y faire cesser des violences intercommunautaires. Cette opération, qui a compté jusqu’à 1.600 hommes, a duré jusqu’en 2016.
La Centrafrique a été secouée par une succession de guerres civiles, coups d’État et régimes autoritaires depuis son indépendance de la France en 1960.
En janvier 2023, le Burkina Faso a demandé à son tour le départ dans un délai d’un mois des troupes françaises stationnées sur son sol, en dénonçant un accord de décembre 2018 « relatif au statut des forces armées françaises intervenant » dans le pays sahélien.
Le contingent de près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre, a plié bagage en février.
Ouagadougou a aussi engagé un rapprochement avec la Russie depuis le coup d’Etat de septembre 2022.
Le Tchad constituait jusqu’ici le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
L’armée française, qui maintient depuis quarante ans une présence quasi-continue dans son ancienne colonie, compte encore au Tchad plusieurs centaines de soldats dans le cadre du partenariat militaire dénoncé jeudi par N’Djamena, mais la France avait déjà annoncé son intention d’y réduire nettement ses effectifs.
Plus généralement, Paris prévoit d’abaisser drastiquement sa présence militaire en Afrique de l’Ouest et centrale, dans le cadre de partenariats « rénovés » et plus discrets annoncés par Emmanuel Macron.
Les effectifs militaires français sont ainsi en train de diminuer en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Gabon.
La base française de Djibouti, qui accueille 1.500 militaires français, n’est pour sa part pas concernée par cette réduction de voilure historique.