À Figuig, une coalition de soutien au “Hirak de l'eau” appelle l’État à assumer ses responsabilités

Depuis plus d’un an, les habitants de l’oasis de Figuig mènent une lutte sans relâche contre la privatisation de la gestion de l’eau potable, un bien vital qu’ils refusent de voir transformé en marchandise. Regroupés au sein du mouvement surnommé le "Hirak de l’eau", les habitants dénoncent le transfert de ce service public à des entreprises privées, qu’ils perçoivent comme une menace à la fois pour leur mode de vie ancestral et pour leur identité culturelle profondément liée à cette ressource.

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Pour appuyer ce combat, la Coalition nationale de soutien au Hirak de Figuig, créée en juillet dernier à Rabat, regroupe divers acteurs de la société civile, des organisations politiques, syndicales et associatives, ainsi que des défenseurs des droits humains. Dans un communiqué publié le 16 novembre, la coalition a exprimé son soutien indéfectible à la population locale et a mis en garde contre les conséquences socio-économiques et culturelles d’une telle privatisation.

Parmi les actions de la coalition, une caravane de solidarité organisée du 14 au 17 novembre sous le slogan « Résistance, unité et solidarité pour les droits et la dignité », a permis de mettre en lumière les revendications des habitants de Figuig au niveau national.

Les habitants et leurs soutiens dénoncent une série de répercussions potentielles de la privatisation de l’eau. Pour eux, cette mesure constitue une « atteinte à la démocratie participative locale » et un « mépris de l’histoire riche de la région en matière de gestion collective de l’eau », selon les termes du communiqué de la coalition.

Le slogan phare du Hirak, « L’eau n’est pas une marchandise », résume l’esprit de cette lutte : la gestion de l’eau doit rester un modèle collectif et solidaire, en harmonie avec les spécificités de l’oasis, où l’eau est utilisée à la fois pour la consommation humaine, l’irrigation agricole et d’autres usages essentiels.

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La coalition insiste également sur les impacts sociaux et culturels qu’impliquerait la privatisation. Selon elle, c’est la cohésion sociale de l’oasis qui est menacée, de même qu’une identité et une culture façonnées au fil des siècles dans un équilibre avec l’environnement naturel.

Au cours de cette année de mobilisation, plusieurs événements ont marqué l’évolution du Hirak de l’eau. La démission collective de neuf membres du conseil municipal, en signe de protestation contre la gestion de la crise, a conduit à des élections partielles en septembre dernier. La Fédération de la gauche démocratique a remporté l’ensemble des sièges vacants, renforçant le poids politique des revendications portées par le Hirak.

En parallèle, des tensions ont émergé autour de la répression des manifestations locales. L’arrestation et la condamnation du militant  « Mofo », finalement relâché en octobre après huit mois de détention, ont suscité une vague d’indignation. Les habitants y ont vu une tentative de museler la contestation.

Face à ces enjeux, la coalition appelle l’État à prendre ses responsabilités pour préserver le patrimoine naturel et historique de l’oasis. Elle rejette fermement l’idée d’un transfert de la gestion de l’eau au secteur privé, accusé de viser uniquement l’accumulation de profits au détriment des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux de la population.