S’exprimant lundi soir lors d’un colloque organisé par le Conseil de Yesha, organisme représentant les colons de Cisjordanie occupée, M. Smotrich a déclaré « qu’on peut et on doit conquérir la bande de Gaza, il ne faut pas avoir peur de ce mot ».
« Il ne fait aucun doute qu’à Gaza, avec l’encouragement d’une émigration volontaire, il existe ici, selon moi, une opportunité unique qui s’ouvre avec la nouvelle administration (Trump) », a ajouté le ministre, à la tête du parti d’extrême droite « Sionisme religieux ».
« On peut créer une situation dans laquelle, d’ici deux ans, la population de Gaza sera réduite de moitié », a précisé M. Smotrich.
Le 14 novembre, Human Rights Watch avait estimé que le déplacement forcé à répétition des Palestiniens dans la bande de Gaza constituait un crime contre l’humanité, des accusations rejetées comme « totalement fausses » par Israël.
Les « actions d’Israël semblent également correspondre à la définition du nettoyage ethnique » dans les zones où l’armée a sommé les Palestiniens de partir et où ils ne pourront pas revenir, avait jugé l’ONG dans un rapport.
« Les mots ‘nettoyage ethnique’ sont de plus en plus utilisés pour décrire ce qui se passe dans le nord de Gaza », avait aussi déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell le 11 novembre sur X.
Les projets de « transfert volontaire » de la population gazaouie de M. Smotrich et de son collègue ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avaient provoqué un tollé en janvier.
« Les Etats-Unis rejettent les récentes déclarations des ministres israéliens Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir prônant la relocalisation des Palestiniens en dehors de Gaza », avait alors affirmé le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, qualifiant ces propos d’« irresponsables ».
En dépit de son retrait unilatéral en 2005, Israël est considéré par le droit international comme la puissance occupante de la bande de Gaza, un territoire conquis lors de la guerre israélo-arabe de 1967.
Le Hamas, qui y a pris le pouvoir en 2007, accuse Israël de vouloir poursuivre la guerre déclenchée par l’attaque du 7-Octobre pour mener une politique de « nettoyage ethnique » dans la bande de Gaza, où vivent 2,4 millions de Palestiniens.
Le retour éventuel d’une présence civile juive dans ce territoire a été rejeté par Benjamin Netanyahu, mais il est évoqué par les ministres les plus radicaux de son gouvernement.
« Il est évident qu’au final, il y aura une présence juive civile dans la bande de Gaza », avait affirmé M. Smotrich lors d’une rencontre avec des militants de droite en octobre.
La guerre, déclenchée par l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a entraîné la mort de 1.207 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.
Plus de 44.249 Palestiniens ont été tués dans les représailles israéliennes sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l’ONU.