Les quotidiens britannique The Guardian puis espagnol La Vanguardia ont annoncé qu’ils ne publieraient plus de contenus sur X, détenu par le milliardaire américain Elon Musk et devenu selon eux une “plateforme médiatique toxique” vectrice de “désinformation”.
“C’est le symptôme d’un mal beaucoup plus profond, celui de l’incapacité des pouvoirs publics à faire des plateformes des endroits viables, respectueux de l’information journalistique, où l’information puisse circuler librement”, a estimé auprès de l’AFP Vincent Berthier, responsable du département technologies à RSF, ONG française de défense de la presse.
Soutien fervent du président élu américain Donald Trump, qui l’a nommé à la tête d’une nouvelle commission chargée de tailler dans la dépense publique, Musk est fréquemment accusé de favoriser la désinformation sur X, où il se pose en adversaire des médias.
“Musk, c’est le visage radical de ce cauchemar informationnel qu’il y a sur les plateformes, mais le problème est beaucoup plus global”, a insisté Berthier. Il cite l’exemple du Canada, où Meta — propriétaire de Facebook et Instagram — bloque l’accès aux contenus d’actualité de médias sur ses plateformes depuis août 2023, en riposte à une loi sur l’information en ligne.
Ce blocage a lieu “dans l’indifférence presque générale”, fait valoir le responsable de RSF.
Selon Berthier, “il y a eu des tentatives de régulation”, à commencer par le Règlement sur les services numériques (DSA) en Europe, mais “force est de constater que ça n’a pas eu beaucoup d’effet”.
Ces tentatives de régulation des plateformes “ne sont, à ce stade, qu’un pansement sur la gangrène qui les infecte”, a estimé le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, dans un communiqué.
La régulation doit “forcer les plateformes” à observer une “neutralité politique, idéologique et économique”, ajoute Berthier.
RSF a annoncé jeudi avoir porté plainte en France contre le réseau social X, notamment pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles. L’ONG lui reproche de ne pas avoir retiré des contenus attribuant faussement à RSF une prétendue “étude sur les penchants nazis de militaires ukrainiens”.