Importation de miel : pourquoi le PJDiste Abdellah Bouanou accuse la majorité de favoritisme

Le débat sur le projet de loi de finances 2025 a été marqué par une controverse soulevée par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD). Lors de la discussion générale sur la première partie du projet, Bouanou a accusé la majorité gouvernementale d’avoir favorisé les intérêts d’un député importateur de miel en adoptant une réduction substantielle des droits de douane sur ce produit.

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Abdellah Bouanou, député PJD. Il a leadé la mission d’information sur les prix des hydrocarbures.

Selon Bouanou, un amendement proposé par la majorité et validé par le gouvernement a réduit les droits de douane sur le miel importé, passant de 40% à seulement 2,5%, mais sous une condition précise : chaque boîte importée doit peser au moins 20 kilogrammes. L’objectif officiel avancé par la majorité est d’encourager l’importation de miel en vrac, nécessitant des opérations locales de conditionnement et d’emballage, afin de promouvoir une industrie à valeur ajoutée au Maroc.

Toutefois, Bouanou a vivement critiqué cette mesure en affirmant qu’elle bénéficierait principalement à un parlementaire de la majorité — qu’il n’a pas nommé — qu’il accuse d’accaparer 80% des importations de miel au Maroc. “Vous êtes venus légiférer en sa faveur en réduisant ces droits de douane. C’est une injustice criante”, a-t-il lancé à l’adresse des membres de la majorité.

Dans son argumentaire, la majorité a défendu cette modification comme une opportunité de soutenir l’industrie locale. En important des produits non prêts à la vente, les entreprises marocaines seraient incitées à investir dans le conditionnement et la préparation sur le territoire national. Ce modèle a été appliqué à d’autres produits comme le thé, mais son efficacité reste controversée.

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Cependant, la décision de fixer un seuil minimal de 20 kilogrammes par boîte suscite des interrogations. Pourquoi ce seuil précis ? Et comment garantir que les importateurs respecteront l’esprit de la loi en ne revendant pas directement ces produits en gros sans transformation locale ?

Cette affaire a mis en lumière un potentiel conflit d’intérêts et a ravivé les critiques sur le rôle du lobbying dans les décisions économiques. Bouanou a laissé entendre que cette mesure aurait été spécialement conçue pour servir des intérêts privés, ce qui, selon lui, compromet l’équité fiscale et la crédibilité du gouvernement.

L’accusation interpelle également sur plusieurs niveaux : quels contrôles seront mis en place pour garantir que ces importations encourageront réellement une transformation locale ? De plus, la réduction drastique des droits de douane soulève la question de l’équilibre entre soutien à l’industrie nationale et protection des petits producteurs locaux, souvent confrontés à des importations massives de produits à bas prix.