Cette nomination représente le point culminant d’une relation stratégique entre Trump et Musk, qui a largement alimenté la spéculation et suscité l’enthousiasme des marchés financiers, notamment celui des cryptomonnaies.
La nomination de Musk au sein de cette initiative a été précédée de nombreuses apparitions publiques du magnat de la Tech aux côtés de Trump, durant la campagne présidentielle de 2024.
Lors d’un rassemblement à Madison Square Garden, Trump avait promis d’offrir à Musk un rôle central dans son administration. Depuis, l’idée d’un organe de réforme gouvernementale, acronyme de la cryptomonnaie Dogecoin (DOGE), a pris forme, le tout porté par l’image d’un Musk affichant un soutien inconditionnel, coiffé d’une casquette “dark MAGA” aux couleurs de la campagne de Trump.
La collaboration entre Trump et Musk a d’ailleurs eu des effets immédiats sur le marché des cryptomonnaies. Après l’annonce de l’élection de Trump, la valeur du Dogecoin a bondi de 24%, alimentée par l’espoir que cette monnaie, favorite de Musk, pourrait bénéficier d’un cadre de régulation allégé. Depuis la campagne, le Dogecoin a maintenu cette dynamique, avec une hausse de 157% en un an.
La mission du DOGE, sous la direction de Musk et Ramaswamy, sera de réduire les dépenses gouvernementales et de restructurer les agences fédérales jugées inefficientes. Trump a confié aux deux entrepreneurs un mandat de transformation profonde, incluant un audit financier complet, la simplification des procédures administratives et la réduction des “paiements frauduleux et impropres”. Musk a assuré que les décisions du DOGE seraient partagées de manière transparente sur la plateforme X (sa propre plateforme), afin de permettre au public d’interagir et de proposer des suggestions.
Cependant, cette nomination suscite des questions sur les risques de conflits d’intérêts. Contrairement aux fonctionnaires fédéraux, Musk et Ramaswamy ne sont pas tenus de déclarer leurs actifs ou de se défaire de leurs investissements susceptibles de poser problème. Les observateurs notent que les recommandations de déréglementation pourraient avantager les entreprises de Musk, telles que Tesla, SpaceX, Neuralink et même X, plateforme qu’il utilise largement pour diffuser ses idées et influencer les marchés.
Pour ses critiques, cette situation pourrait donner lieu à des “favoritismes” dans les réformes envisagées. Pour Lisa Gilbert, co-présidente de l’ONG Public Citizen, Musk “ne connaît rien aux réglementations publiques, et ses propres entreprises ont été régulièrement en infraction avec les règles fédérales”. Elle s’inquiète de l’impact de ses recommandations sur la dérégulation, qui pourrait être exploitée à des fins personnelles.
Avec cette nomination, Trump semble vouloir adopter une approche inédite pour sa nouvelle administration, en intégrant la perspective de dirigeants d’entreprises privées, jugés capables d’apporter une “efficacité entrepreneuriale” à l’administration publique. Ramaswamy, qui n’a pas d’expérience en politique, partage avec Musk cette vision ambitieuse de transformation du secteur public par l’entreprise privée, ayant lui-même prôné des réductions de personnel drastiques dans les entreprises en difficulté où il avait investi.
Dans les mois à venir, les recommandations de Musk et Ramaswamy seront décisives pour la mise en œuvre de cette politique de réduction des coûts et de dérégulation. Trump espère que les efforts du Doge culmineront d’ici le 4 juillet 2026, date du 250e anniversaire de l’indépendance des États-Unis, comme un “cadeau” pour les contribuables américains.