Conférence de Paris : un milliard de dollars pour le Liban et son armée

La communauté internationale “a été à la hauteur de l’enjeu”. La conférence pour le Liban, initiée par le président Emmanuel Macron, a permis de récolter un milliard de dollars pour les Libanais et son armée, à défaut d’avancées sur le volet diplomatique.

Par

La conférence pour le Liban, initiée par le président Emmanuel Macron. Crédit: DR

Nous avons répondu à l’appel lancé par les Nations unies en annonçant des contributions substantielles, 800 millions de dollars auxquels s’ajoutent d’importantes contributions en nature”, a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.

Quelque 200 millions seront, eux, destinés à l’armée libanaise. Sans compter les aides en nature. C’est le double de l’objectif initial de la France et bien plus que les 400 millions réclamés par les Nations Unies début octobre pour les personnes déplacées.

Si le président Emmanuel Macron a exhorté à faire cesser “au plus vite” les hostilités au Liban, l’absence des deux principaux protagonistes, Israël et l’Iran, soutien du mouvement islamiste Hezbollah, avait hypothéqué d’emblée toute avancée significative au niveau diplomatique.

Et les combats se sont poursuivis jeudi : Israël a visé des dépôts d’armes du Hezbollah tandis que le mouvement islamiste a revendiqué des tirs de roquettes vers le nord d’Israël et fait état de combats “à bout portant” dans le sud du Liban.

Jean-Noël Barrot a néanmoins souligné que les participants, venant de 70 pays, s’étaient “accordés sur l’urgence d’une solution diplomatique, permettant d’assurer une sécurité durable de la population en Israël comme au Liban”. Cette solution passe par la pleine mise en œuvre de la résolution 1701, “avec un arrêt des hostilités de part et d’autre de la frontière”, a-t-il dit.

Cette résolution des Nations unies, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seuls les Casques bleus et l’armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d’Israël.

“On parle beaucoup de guerre de civilisation (…) Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie”

Emmanuel Macron, président français

L’idée est désormais de déployer “massivement” les forces armées libanaises dans le sud du pays, “de renforcer la capacité de la Finul (la Force intérimaire des Nations unies déployée dans le sud du Liban) et de mettre en œuvre son mandat”, a souligné Jean-Noël Barrot, tandis que Macron a souligné qu’il ne pouvait y avoir de retour au statu quo.

La communauté internationale doit “soutenir les efforts pour mettre fin aux agressions en cours et mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat”, a déclaré de son côté le Premier ministre libanais Najib Mikati, remerciant les pays pour leur aide.

Les États-Unis sont parmi les plus contributeurs avec une enveloppe de 300 millions de dollars, devant la France (108 millions) et l’Allemagne (103).

Nous exigeons que le Hezbollah cesse ses (…) frappes indiscriminées” contre Israël, a asséné le président français. “Israël sait d’expérience que ses succès militaires ne sont pas forcément une victoire au Liban”, a-t-il également dit. Israël a éliminé des chefs du Hezbollah.

On parle beaucoup de guerre de civilisation (…) Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie”, a-t-il encore lâché en référence au discours de Benjamin Netanyahu, qui affirme défendre la civilisation judéo-chrétienne dans le combat israélien à Gaza ou au Liban.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a, lui, souligné que “le nombre de civils blessés au Liban était inacceptable”.

Dans un discours audiovisuel, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé “les dirigeants libanais à prendre des mesures résolues pour assurer le bon fonctionnement des institutions de l’État”.

Jean-Noël Barrot a en outre exhorté les dirigeants libanais à prendre leurs responsabilités en élisant de toute urgence un président alors que la vacance dure depuis près de deux ans. “Il est inconcevable de laisser aujourd’hui le Liban sans président qui puisse le rassembler et le représenter qui puisse être le visage et la voix” du pays, a-t-il dit. “C’est la condition de la préservation de l’existence même de l’État libanais”, a-t-il conclu.

Paralysé depuis des années par une crise politique et économique, le Liban est désormais le théâtre d’une guerre entre le mouvement islamiste libanais soutenu par l’Iran, et Israël. Les affrontements ont contraint plus de 800.000 personnes à se déplacer, selon les Nations unies.

En Israël, 60.000 personnes ont également dû quitter leur foyer depuis un an du fait de frappes du Hezbollah.

Dans un appel commun, plus de 150 ONG, dont Oxfam, Médecins du monde ou le Danish refugee council (DRC), ont dénoncé “le mépris flagrant de la communauté internationale pour le droit international”, qui a permis “l’impunité totale du gouvernement israélien à Gaza, en Cisjordanie et maintenant au Liban”. “Sans redevabilité, il n’y aura pas de lignes rouges”, ont-elles souligné.

Le soutien (financier, en équipements ou via des formations) aux Forces armées libanaises est un des éléments-clés de la conférence de Paris alors que le Premier ministre libanais souhaite les déployer plus largement au sud du fleuve Litani, zone visée par les frappes israéliennes pour déloger les milices du Hezbollah.

Au moins 1552 personnes ont été tuées au Liban en un mois, d’après un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.

à lire aussi