Depuis plusieurs décennies, l’Algérie, l’un des plus grands importateurs de blé au monde, a fait de la France son principal fournisseur. Toutefois, cette relation privilégiée a pris un tournant inattendu cette semaine, lors d’un appel d’offres lancé par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Selon Reuters, citant des sources anonymes proches du dossier, la France, autrefois leader incontesté sur ce marché, a été écartée du processus d’appel d’offres, une première depuis trois ans.
L’exclusion de la France survient dans un contexte diplomatique tendu entre Alger et Paris, principalement autour de la question du Sahara. En juillet dernier, la décision de la France de soutenir le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour cette région a provoqué l’ire d’Alger, qui soutient activement le Front Polisario. Cette prise de position française a alimenté une crise diplomatique latente, qui se répercute aujourd’hui sur le secteur commercial.
Lors du récent appel d’offres de l’OAIC, les entreprises françaises n’ont pas été invitées à participer, une mesure qui semble être un geste symbolique, voire stratégique, de la part des autorités algériennes. Pire encore pour Paris, les entreprises internationales qui ont répondu à l’appel d’offres se sont vu interdire de proposer du blé d’origine française.
Cette nouvelle exclusion du blé français pourrait avoir des répercussions considérables pour Paris, déjà touché par une série de mauvaises nouvelles sur le front agricole. Les pluies incessantes en France ont drastiquement réduit la production de blé cette année, la rendant la plus faible depuis les années 1980. La combinaison de cette faible production et de la qualité inégale du blé récolté a conduit à une envolée des prix français, renforçant la compétitivité des fournisseurs russes sur le marché algérien.
La Russie, désormais premier fournisseur de blé pour l’Algérie, semble sortir gagnante de cette situation. Depuis la première exclusion de la France en 2021, Moscou a rapidement consolidé sa position en répondant aux exigences croissantes de l’Algérie. Avec des prix plus compétitifs et une production en hausse, le blé russe a su conquérir ce marché traditionnellement dominé par les Français.
Pour la France, l’exclusion de cet appel d’offres pose plusieurs questions cruciales. Bien que le blé français n’aurait probablement pas été compétitif cette année en raison de sa mauvaise récolte, l’interdiction faite aux entreprises françaises de participer en tant qu’intermédiaires marque un précédent inquiétant pour Paris. La durée de cette exclusion reste incertaine, mais les précédents montrent qu’une situation similaire en 2021 avait perduré plusieurs mois.
Alors que les relations entre Alger et Paris restent tendues, la France risque de perdre davantage de parts de marché au profit de la Russie, qui bénéficie non seulement de conditions climatiques favorables, mais également d’une situation géopolitique plus stable dans ses relations avec l’Algérie.