Le Hezbollah tire un missile vers Tel-Aviv, bombardements israéliens au Liban

Le Hezbollah a tiré mercredi un missile vers Tel-Aviv pour la première fois, selon l’armée israélienne qui a mené de nouvelles frappes aériennes contre le mouvement islamiste au Liban, au moment où la communauté internationale redoute un embrasement du Moyen-Orient.

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Hassan Nasrallah du Hezbollah et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Crédit: TelQuel

L’armée israélienne a annoncé mener des bombardements “de grande envergure” dans le sud du Liban et la vallée de Békaa, dans l’est, deux bastions du mouvement islamiste soutenu par l’Iran. Une frappe a aussi visé, pour la première fois, un village au nord de Beyrouth, où trois personnes ont été tuées selon les autorités libanaises.

À l’aube, les sirènes d’alerte ont retenti dans la grande ville israélienne de Tel-Aviv, à une centaine de kilomètres au sud de la frontière libanaise, quand le Hezbollah a tiré un missile sol-sol qui a été intercepté, selon l’armée. “C’est la toute première fois qu’un missile du Hezbollah atteint la région de Tel-Aviv”, a déclaré l’armée.

Le mouvement libanais a affirmé qu’il s’agissait d’un missile Qader qui a visé le quartier général du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens, accusé d’être “responsable de l’assassinat des dirigeants” du Hezbollah “et des explosions des bipeurs et des talkies-walkies”.

L’agence de presse libanaise ANI a fait état d’un nombre indéterminé de victimes lors de cette troisième journée de bombardements.

Une frappe a visé une maison du village de Maaysara, une localité chiite de la région montagneuse du Kesrouan, majoritairement chrétienne, à une trentaine de kilomètres au nord de Beyrouth, selon une source de sécurité et des habitants.

Lundi, des frappes aériennes massives sur le Liban avaient fait 558 morts et plus de 1800 blessés, selon les autorités libanaises, le bilan le plus lourd en une journée depuis la fin de la guerre civile dans ce pays (1975-1990). Ces bombardements ont poussé des centaines de milliers de Libanais sur les routes.

Nour Hamad, une étudiante de Baalbeck âgée de 22 ans, a décrit “un climat de terreur” depuis le début des frappes qui ont visé les environs de la ville. “Nous avons passé quatre ou cinq jours sans dormir, sans savoir si nous allions nous réveiller au matin. Les enfants ont peur, les adultes aussi”, a-t-elle confié.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence mercredi à New York, où l’inquiétude face à l’escalade entre l’armée israélienne et le Hezbollah a dominé l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies. “Israël pousse la région vers une guerre ouverte”, ont averti les chefs de la diplomatie d’Égypte, d’Irak et de Jordanie, condamnant “l’agression israélienne sur le Liban”.

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Le chef de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, a dit craindre “une guerre à part entière” et que le Liban devienne comme la bande de Gaza, où la guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël.

Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le “centre de gravité” de la guerre vers le nord du pays, le long de la frontière libanaise, pour permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés par les violences transfrontalières.

Le Hezbollah, allié du Hamas, a de son côté promis de continuer à attaquer Israël “jusqu’à la fin de l’agression à Gaza”. Depuis près d’un an, les échanges de tirs n’ont pas cessé le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban.

Ces tirs ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l’unité d’élite du mouvement chiite.

Les écoles et universités resteront fermées jusqu’à la fin de la semaine au Liban. De nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers Beyrouth. Dans ce contexte, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a repoussé son départ aux États-Unis pour assister à l’Assemblée générale de l’ONU.

Le Hezbollah a confirmé mercredi qu’un de ses responsables militaires, Ibrahim Mohammed Kobeissi, avait été tué dans un bombardement israélien mardi sur la banlieue sud de la capitale. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a assuré que l’assassinat récent au Liban de plusieurs commandants du Hezbollah par Israël ne pouvait pas mettre “à genoux” le mouvement.

Nous continuerons à frapper le Hezbollah. Et je dis au peuple libanais : notre guerre n’est pas contre vous”, mais “contre le Hezbollah”, a déclaré Benjamin Netanyahu, dans une vidéo diffusée par son bureau.

Le président américain Joe Biden a mis en garde contre une “guerre généralisée” au Liban et estimé qu’il était “temps de finaliser maintenant” un accord de cessez-le-feu à Gaza.

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité à Gaza. Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l’armée.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.

Son armée a lancé une offensive à Gaza qui a fait jusqu’à présent 41.495 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU. Elle y a aussi provoqué un désastre humanitaire.