Cette étude publiée cet été dans la revue Antiquity marque une étape importante dans l’exploration du Maghreb, une région souvent négligée dans les récits historiques.
L’équipe de chercheurs, composée de Youssef Bokbot (Institut national de l’archéologie et du patrimoine), Cyprian Broodbank (Université de Cambridge) et Giulio Lucarini (Conseil national de la recherche, Espagne), a révélé que cette société était la plus grande communauté agricole de cette période en Afrique, après celle de la vallée du Nil.
Avec des traces de cultures et d’élevage, ainsi qu’une production d’outils en pierre et de poterie, le site s’avère comparable en taille à des sites célèbres comme le site de Troie de l’âge du Bronze.
“Pendant des décennies, j’étais convaincu que l’archéologie méditerranéenne passait à côté d’un élément fondamental en Afrique du Nord. Aujourd’hui, nous pouvons reconnaître le rôle central de la contribution des Africains dans l’émergence de sociétés complexes au sein du bassin méditerranéen”, a indiqué le professeur Broodbank au site spécialisé Phys.org.
Le Maghreb, avec sa position stratégique entre le Sahara et la mer Méditerranée, a toujours été un carrefour de cultures et d’échanges. Cependant, une zone d’ombre persistait entre 4000 et 1000 av. J.-C. concernant son rôle dans les dynamiques de la région. Oued Baht comble ce vide, révélant une activité préhistorique riche et dynamique.
Les chercheurs ont également découvert des fosses de stockage profondes, similaires à celles trouvées dans la péninsule ibérique, suggérant des échanges culturels et économiques entre ces deux rives. “Oued Baht affirme désormais le rôle central du Maghreb dans l’émergence des sociétés méditerranéennes et plus largement africaines”, affirment les auteurs de l’article.
Loin d’être une région marginale, le Maghreb apparaît désormais comme un acteur majeur dans l’évolution des sociétés méditerranéennes et africaines. Les résultats de cette étude invitent à repenser les dynamiques de l’époque, en intégrant les contributions africaines au patrimoine culturel méditerranéen, insistent les chercheurs.
Il est essentiel, selon l’étude, de considérer Oued Baht dans un cadre plus large, où les échanges et les interactions entre les peuples de part et d’autre de la Méditerranée jouent un rôle clé.