Vers 15H (12H00 GMT), des centaines de bipeurs, un système de radiomessagerie, portés par des membres du Hezbollah, ont explosé simultanément dans des bastions de la formation islamiste libanaise, en banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l’est du Liban.
Lorsque la nouvelle des explosions s’est répandue, des témoins ont déclaré que des membres du Hezbollah avaient reçu des appels téléphoniques ou des messages d’avertissement et qu’ils avaient pu se débarrasser rapidement de leurs bipeurs.
Le Hezbollah a affirmé qu’Israël était « entièrement responsable » de ces explosions et prévenu qu’il allait « recevoir son juste châtiment ».
Israël n’a pas fait de commentaire, mais avait annoncé auparavant qu’il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.
Dès le lendemain du début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front à la frontière avec Israël disant soutenir le Hamas. Depuis, les échanges de tirs meurtriers quasi quotidiens ont entraîné le déplacement de plusieurs milliers d’habitants des deux côtés de la frontière.
2 enfants parmi les morts
L’explosion des bipeurs a fait neuf morts et près de 2.800 blessés, dont plusieurs centaines de membres du Hezbollah, a indiqué mardi le ministère de la Santé.
Le ministre de la Santé, Firass Abiad, a déclaré mercredi à la presse que plus de 200 personnes étaient hospitalisées en soins intensifs. Il a par ailleurs fait état de personnes blessées à l’œil et « de nombreux cas d’amputations », notamment de bras.
Parmi les morts figure une fillette de dix ans tuée par l’explosion du bipeur de son père, ainsi que le fils d’un député du Hezbollah.
L’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a été blessé, selon la télévision iranienne.
Quatorze membres du Hezbollah en Syrie ont également été blessés par l’explosion de leurs bipeurs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Bombes cachées
« D’après les enregistrements vidéo (…), un petit explosif de type plastic a certainement été dissimulé à côté de la batterie (des bipeurs) pour un déclenchement à distance via l’envoi d’un message », a estimé sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute (MEI).
Pour lui, « le Mossad (service de renseignement extérieur israélien, chargé des opérations spéciales, ndlr) a infiltré la chaîne d’approvisionnement ».
Une source proche du Hezbollah a indiqué à l’AFP que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils », qui semblent avoir été « piratés à la source ».
Citant des responsables américains et d’autres nationalités, le New York Times a affirmé que les services secrets israéliens étaient parvenus à intercepter les bipeurs avant leur arrivée au Liban et à cacher de petites quantités d’explosifs et un détonateur à côté de la batterie.
Plus de 3.000 exemplaires, essentiellement du modèle AR924, avaient été commandés par le Hezbollah à l’entreprise Gold Apollo de Taïwan, affirment ces sources.
Gold Apollo a affirmé mercredi que les bipeurs, portant sa marque, avaient été produits et vendus par son partenaire hongrois BAC.