Le communiqué émis par les organisations précise que cette démarche juridique, déposée auprès du procureur général du roi à la Cour d’appel de Rabat, cherche à engager la responsabilité des participants pour complicité avec l’occupation israélienne. Cette visite a été largement critiquée sur les réseaux sociaux, perçue comme une tentative de redorer l’image d’Israël, en contradiction avec les bombardements israéliens en cours à Gaza.
Les étudiants de l’Université Al Akhawayn à Ifrane ont également réagi en lançant une pétition sur Change.org pour interdire le retour des participants, arguant que leur action porte atteinte à l’intégrité et aux valeurs de l’université et du pays. La pétition a recueilli plus de 1190 signatures.
Le contexte est d’autant plus tendu que des manifestations se multiplient dans les villes marocaines depuis le début du conflit à Gaza, entraînant des réactions diplomatiques telles que l’évacuation des employés du bureau israélien à Rabat et des avertissements de sécurité pour les Israéliens envisageant de voyager au Maroc.
Le 9 juillet, 23 Marocains présentés comme des “jeunes leaders”, “influenceurs” ou encore “militants de la société civile” avaient été reçus en grande pompe à Jérusalem, au siège de l’Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste, un think tank israélien conservateur, fondé en 2005 et dirigé par des personnalités de droite de l’Etat hébreu.
Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir son directeur d’origine marocaine Meir Ben-Shabbat, ex-conseiller à la sécurité nationale d’Israël et un des artisans des accords d’Abraham, prendre la pose avec les membres de la délégation.
“Cette visite s’inscrit dans le cadre d’un programme sur l’Holocauste, organisé en partenariat avec Sharaka, sponsorisé par le gouvernement fédéral allemand et coordonné avec l’organisation américaine Claims Conference. Il s’agit de la troisième et dernière étape de notre tournée, après l’Allemagne et la Pologne”, expliquait à TelQuel Faiçal Marjani, président et fondateur de l’association Maroc Coexistence qui a pris part à ce déplacement.
Fondée en 2010, cette organisation marocaine à but non lucratif dit lutter contre le racisme, l’antisémitisme, la stigmatisation, les discours de haine, la xénophobie et les extrémismes.
“Encouragée par le gouvernement marocain”
Faiçal Marjani assure que les autres membres de la délégation et lui ont été “très bien accueillis”, et ce dès leur arrivée à l’hôtel où ils logeaient. Simple coïncidence ou rencontre planifiée, plusieurs personnes d’origine marocaine fuyant le nord d’Israël étaient également logées au même établissement.
“Ils nous ont préparé une fête surprise avec de la musique et de la nourriture marocaines. Nous avons échangé uniquement en darija. De plus, les Israéliens, même ceux sans lien direct avec le Maroc, ont témoigné d’un grand respect pour le Maroc et notre roi Mohammed VI qu’ils considèrent comme un leader courageux et juste à l’instar de son grand-père Mohammed V. Ils nous ont dit : ‘Nous n’oublierons jamais son action honorable pour protéger les juifs contre les lois nazies anti-juives durant la Seconde Guerre mondiale’”, racontait le jeune homme.
“Nous avons également abordé des sujets concernant notre cause nationale qui est le Sahara marocain et aussi la coopération régionale pour la sécurité et la stabilité de la région. Nos échanges avec des acteurs diplomatiques israéliens et non israéliens ont été particulièrement fructueux”, assurait-il.
Jacky Kadoch, président de la Communauté juive marocaine de la région Marrakech-Safi, accompagnait la délégation. Il relatait son séjour avec le même enthousiasme : “C’est une visite tout à fait positive qui a été pratiquement encouragée et cautionnée par le gouvernement marocain dans son ensemble et bien évidemment par Sa Majesté, que Dieu le bénisse et le protège”. Aucune communication officielle n’a toutefois été faite sur ce déplacement.