LMCDH : “L'immigration due aux politiques gouvernementales favorisant les riches n'est pas un crime”

Suite aux tentatives d'immigration clandestine de masse depuis la ville de Fnideq et ses environs du 13 au 16 septembre, et l'arrestation de près de 4.500 candidats à l'immigration illégale (dont 141 mineurs et 519 étrangers), la Ligue marocaine de la citoyenneté et des droits humains (LMCDH) appelle, selon un communiqué publié sur les réseaux sociaux, à "éviter les poursuites judiciaires contre les jeunes placés en garde à vue" et à "abandonner toutes les accusations" faites à leur encontre.

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Assaut d'un groupe de migrants sur la barrière à la frontière hispano-marocaine. Crédit: AFP

Selon le même communiqué, la Ligue marocaine de la citoyenneté et des droits humains souligne « la situation catastrophique dans laquelle se trouve la jeunesse marocaine en termes d’emploi et d’intégration, ainsi que la propagation alarmante des drogues ». Elle ajoute que « la jeunesse (marocaine, ndlr) est une force de changement et ses demandes pour des opportunités plus équitables sont plus pressantes que jamais, notamment en ce qui concerne l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à l’égalité des sexes ». Pour la LMCDH, la situation ne peut qu’être exacerbée par « l’absence d’une volonté gouvernementale d’engager un dialogue avec les jeunes des couches défavorisées ».

La ligue dénonce par ailleurs « le silence gouvernemental face à cette crise, qui a commencé à se manifester depuis plusieurs mois, précédée par des tentatives limitées de migration collective qui ont mis les forces de sécurité et les autorités dans une position difficile », condamnant les « politiques gouvernementales à l’égard des jeunes des milieux défavorisés » et exigeant que « l’État marocain transforme ses politiques jeunesse pour qu’elles visent à faire des jeunes une force positive pour le développement, en leur fournissant les connaissances et les opportunités nécessaires ».

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Dans cette perspective, la Ligue appelle « la présidence du Ministère public et les responsables de la justice au Maroc à éviter les poursuites judiciaires contre les jeunes placés en garde à vue et à abandonner toutes les accusations », considérant que « la migration due à la pauvreté, à la marginalisation et aux politiques gouvernementales favorisant les riches n’est pas un crime, conformément au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, signé à Marrakech et adopté par l’Assemblée générale (des Nations unies, ndlr) le 19 décembre 2018 ».

Pour rappel, le pacte en question insistait sur « la réduction des causes négatives de la migration, y compris la lutte contre la pauvreté et la discrimination, et le traitement des migrations liée au climat et aux catastrophes, la lutte contre les vulnérabilités et les violations des droits de l’homme dans le contexte de la migration et la protection du droit à la liberté et à l’absence de détention arbitraire ».

La Ligue achève son communiqué par un appel à « l’État marocain d’ouvrir un dialogue national sur l’avenir de la jeunesse, avec la participation de toutes les parties prenantes, des autorités officielles, de la société civile et des experts », afin d’élaborer un plan futur pour les jeunes marocains. Et d’appeler les parents « à ne pas encourager leurs enfants à migrer, afin de protéger leur droit à la vie et en raison des risques auxquels ils sont confrontés, et à ne pas céder aux appels de sources inconnues aux objectifs incertains ».