CNDH : feu vert pour la réalisation de tests ADN sur les dépouilles des détenus de Tazmamart

Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a récemment donné son feu vert pour la réalisation d’analyses ADN sur les restes des détenus décédés dans la prison secrète de Tazmamart.

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Panneau indicateur Tazmamart
“Il y a des gens qui parlent de réconciliation, mais moi, je n’en vois pas. Parler de pardon, c’est autre chose, car c’est un choix propre à chacun” estime Aziz Binebine. Crédit: DR

Cette décision, attendue depuis des décennies, a été accueillie avec satisfaction par l’Association des victimes de Tazmamart.

Toutefois, Ahmed Marzouki, ancien détenu, a exprimé une certaine réserve quant au timing et aux motivations derrière cette initiative dans une déclaration à Al3omk. L’un des rares survivants de Tazmamart, il a salué cette mesure tout en exprimant son étonnement face à ce qu’il considère comme un changement soudain de position.

C’est une démarche positive que nous demandions depuis des années, mais ils la refusaient fermement en affirmant que l’ADN ne suffisait pas pour identifier les dépouilles, a-t-il déclaré. Ils remettaient en question l’utilité de cette procédure, et nous ignorons la raison pour laquelle cette décision a été prise maintenant.

Ils agissent comme s’ils avaient vécu l’expérience de Tazmamart à notre place, comme s’ils avaient subi les tortures et les souffrances”, dénonce-t-il, estimant que les survivants de Tazmamart n’ont pas été suffisamment consultés ni impliqués dans le processus. En plus de ce qu’il appelle “la marginalisation des victimes”, Marzouki dénonce : “Il est inconcevable qu’après tout ce que nous avons enduré, nous ne soyons indemnisés que de 2 millions de dirhams.

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Le Conseil national des droits de l’Homme a annoncé cette décision en réponse à une demande de longue date de l’Association des victimes de Tazmamart, qui réclame depuis vingt ans la réalisation d’analyses génétiques pour identifier les restes des détenus décédés dans cette prison. Bien que cette décision arrive tardivement, l’association a exprimé sa satisfaction dans un communiqué, tout en insistant sur la nécessité de traiter ce dossier de manière “globale et équitable”.

Les membres de l’Association ont également réaffirmé leur rôle en tant que représentants légitimes des victimes et des ayants droit lors d’une réunion tenue le 29 août dernier, exigeant une réparation individuelle et collective conforme aux normes internationales, selon un communiqué.

Selon l’Association des victimes de Tazmamart, il a été convenu d’écrire à la présidente du CNDH, Amina Bouayach, pour demander la tenue d’une réunion d’urgence concernant les revendications des victimes et des ayants droit.