Le Maroc classé 9e dans le monde pour sa performance climatique

Le NewClimate Institute, en collaboration avec Germanwatch et Climate Action Network fait paraître chaque année l'indice de performance en matière de changement climatique (Climate Change Performance Index - CCPI) par pays. Dans le classement international, le Maroc se place à la 9e position.

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En 2020, le Maroc a réussi à atteindre une capacité installée d’un peu moins de 40 % d’énergies renouvelables. Crédit: MASEN

La performance climatique du Maroc a de nouveau été saluée par le CCPI, un dispositif de mesure indépendant dont la mission est d’analyser les performances des pays en matière de protection du climat, dans la lignée des Accords de Paris. Classé 7e en 2023, le Maroc est descendu cette année à la 9e place au profit des Pays-Bas et des Philippines, mais se maintient au dessus de la barre symbolique du « top 10 ».

Évolution des émissions de gaz à effet de serre du Maroc (en bleu) comparée à la moyenne mondiale (en noir).Crédit: CCPI

Le CCPI est un instrument de transparence des politiques climatiques des 63 États qu’il étudie. Son objectif est « d’encourager les pays qui, jusqu’à présent, n’ont pas pris de mesures ambitieuses en matière de protection du climat, ainsi qu’à mettre en évidence les pays qui appliquent les meilleures pratiques en matière de politique climatique », explique le NewClimate Institute.

Pour déterminer l’indice de performance d’un pays, les différents instituts vont se pencher sur différents indicateurs, tels que ses émissions de gaz à effet de serre (40% du score global), son recours aux énergies renouvelables (20%), sa consommation d’énergie (20%) ainsi que sa politique en matière climatique (20%). Pour y parvenir, le CCPI se base sur « des indicateurs objectifs d’émissions, d’énergies renouvelables et d’utilisation de l’énergie, mais aussi sur l’évaluation des politiques nationales et internationales d’environ 300 experts de leurs pays respectifs », explique le NewClimate Institute.

Les bons résultats du Maroc

Les trois experts nationaux qui ont accepté de voir leurs noms mentionné dans le compte-rendu du CCPI sont le docteur en sciences environnementales Mohammed Saddik, Naima Benazzi de la Fondation Haut-Atlas et Rabiae Khamlichi du conseil de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Ces derniers estiment que le Maroc est un acteur international qui agit en faveur des politiques climatiques.

Les ambitions du plan marocain de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été saluées par les instituts en charge du classement. L’objectif de réduction de 45,5 % de ces émissions d’ici 2030 par rapport à un scénario « business as usual » a permis au Royaume de se hisser à la deuxième place du tableau en matière d’émissions prévues à horizon 2030. En 2024, le Maroc est à la dixième position de ce classement.

Par ailleurs, les experts félicitent le Maroc pour l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique et sa tendance à l’amélioration de l’efficacité énergétique.

Les axes d’amélioration et fausses routes

Parmi les axes d’amélioration les plus notables, le CCPI souligne que les énergies fossiles dominent toujours largement dans le mix énergétique marocain, d’autant plus que ces énergies sont pour la plupart importées. Dans ce sens, les experts critiquent les recherches lancées par le gouvernement pour trouver des réserves de pétrole et de gaz sur le territoire national. Ils estiment que cette stratégie entre en contradiction avec la logique de réduction de la part des énergies fossiles dans la consommation du Royaume. Enfin, ils estiment que les politiques publiques devraient davantage soutenir la production d’énergies durables par des subventions. « Les citoyens qui produisent de l’énergie solaire ne sont pas non plus connectés au réseau », pointent-ils également.

Du côté de la biodiversité, les instituts qui réalisent le CCPI dénoncent la déforestation à laquelle le Maroc se livre, « qui entraîne des inondations et la destruction d’infrastructures, et nuit en fin de compte aux écosystèmes naturels et aux communautés locales ». Les premiers à souffrir de ces effets ainsi que de ceux du dérèglement climatique sont les agriculteurs.

C’est la raison pour laquelle les experts ayant évalué la performance climatique du Maroc appellent le pays à réformer le secteur agricole. Mettre fin aux cultures d’espèces gourmandes en eau, au pompage des eaux souterraines, à l’utilisation de pompes diesel, sont autant de pistes qu’ils suggèrent. En lieu et place du modèle existant, les experts proposent la mise en place de systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte et de pompes solaires pour réduire le gaspillage d’eau et la consommation de carburant.

Enfin, le CCPI indique que les 63 pays retenus pour le classement « représentent ensemble plus de 90 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre ». Le seul fait de figurer dans ce classement est en lui-même un indicateur : le Maroc fait partie des 63 pays les plus polluants de la planète.

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