Sur le terrain, la guerre entre Israël et le Hamas palestinien ne connaît pas de répit dans la bande de Gaza assiégée et les violences se poursuivent en Cisjordanie occupée où une attaque meurtrière perpétrée par des colons juifs a provoqué un tollé, y compris en Israël.
Après plus de dix mois de conflit, déclenché par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre, la diplomatie s’active pour éviter un embrasement régional à la suite des menaces de l’Iran d’attaquer Israël en riposte à l’assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh le 31 juillet à Téhéran.
Le président américain, Joe Biden, dont le pays est le principal allié d’Israël, a estimé qu’un cessez-le-feu à Gaza pourrait permettre d’éviter une attaque de l’Iran ou de ses alliés — le Hamas, le Hezbollah libanais, les rebelles yéménites houthis.
Ces derniers ont juré de venger la mort de Ismaïl Haniyeh survenue au lendemain d’une frappe israélienne qui a tué le chef militaire du Hezbollah Fouad Chokr près de Beyrouth.
En recevant à Jérusalem ses homologues, britannique David Lammy et français Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie Israël Katz a dit qu’en cas d’attaque de Téhéran, son pays attend de ses alliés “qu’ils se joignent à Israël, non seulement pour le défendre mais aussi pour attaquer des cibles importantes en Iran”.
Au Liban, le Hezbollah a diffusé une vidéo montrant des combattants se déplaçant dans de larges tunnels éclairés, creusés dans la roche et parcourus de camions, ainsi qu’une trappe qui s’ouvre et un grand lanceur de missiles dirigé vers le ciel. L’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité de ces images.
Les pourparlers de Doha ont débuté jeudi en présence du directeur de la CIA, William Burns, et des chefs des services de renseignement israéliens, ainsi que des médiateurs qatari et égyptien. Le Hamas n’y a pas participé.
Les États-Unis ont évoqué un “début prometteur” même s’il “reste beaucoup à faire”. Le Qatar a annoncé leur poursuite vendredi.
Les discussions se basent sur un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, qui prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d’otages israéliens emmenés à Gaza le 7 octobre, en échange de celle de prisonniers palestiniens.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a maintes fois affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
Le Hamas réclame, pour se joindre aux discussions à Doha, un calendrier pour la mise en œuvre du plan annoncé par Biden.
Face au désastre humanitaire à Gaza, deux grandes agences de l’ONU, l’OMS et l’Unicef, ont demandé “des pauses humanitaires pendant sept jours” afin de permettre la vaccination de plus de 640.000 enfants de moins de 10 ans contre la polio.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1.198 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 déclarées mortes par l’armée.
L’offensive lancée en représailles par Israël à Gaza a fait au moins 40.005 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui ne donne pas le détail du nombre des civils et des combattants tués.
Vendredi, des témoins ont rapporté des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne a indiqué avoir “éliminé des terroristes”.
Malgré l’annonce de nouveaux ordres d’évacuation israéliens dans la région de Khan Younès (sud), certains Palestiniens ont décidé de rester. “Ils veulent nous déplacer combien de fois ? On n’a plus d’endroit où aller. On préfère mourir ici, ça suffit !”, lance Maher al-Tabach, 35 ans, un déplacé.
“Leur but était clair : brûler, tuer et détruire”
Les violences ont aussi flambé en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Jeudi soir, des dizaines de colons israéliens ont incendié des bâtiments et véhicules et lancé des cocktails Molotov dans le village de Jit (nord), selon l’armée. L’un d’eux a été arrêté.
L’Autorité palestinienne basée en Cisjordanie a fait état d’un Palestinien tué par balles dans l’attaque, dénonçant un “terrorisme d’État”. “Ils étaient armés de couteaux, d’une mitraillette et d’un silencieux. Leur but était clair : brûler, tuer et détruire”, a raconté à l’AFP Hassan Arman à Jit.
Le président israélien, Isaac Herzog, a “condamné un pogrom” et le bureau de Netanyahu affirmé que “les responsables de tout acte criminel seront arrêtés et poursuivis en justice”.
L’ONU, qui juge illégale la colonisation israélienne en Cisjordanie, a dénoncé une attaque “horrible”, les États-Unis, la France et l’Allemagne fustigeant une action “inacceptable”.
Lammy a dénoncé une attaque “abjecte” et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell va proposer des sanctions contre des responsables israéliens.