Jérusalem : plus de 2000 juifs, dont le ministre Ben Gvir, prient sur l’esplanade des Mosquées

Quelque 2250 juifs, dont le ministre d’extrême droite Itamar Ben Gvir, ont prié et hissé le drapeau israélien, mardi 13 août, sur le site hautement sensible de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, à l’occasion d’une commémoration annuelle, a indiqué un responsable à l’AFP.

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Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, le 3 janvier 2023 à l'Esplanade des Mosquées. Crédit: Itamar Ben Gvir / Twitter

Située dans le secteur de la ville sainte occupé et annexé par Israël, l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, est bâtie sur les ruines du second temple juif, détruit en l’an 70 par les Romains. Pour les juifs, c’est le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme.

Le ministre israélien la Sécurité nationale, colon d’extrême droite habitué des provocations, s’est filmé sur le site à l’occasion de la commémoration juive de la destruction des deux Temples, Ticha Beav, appelant à “battre” le Hamas plutôt qu’à négocier avec le mouvement islamiste palestinien.

Mardi matin, “environ 2250 juifs ont prié, dansé et hissé le drapeau israélien” sur l’esplanade, a rapporté à l’AFP un responsable du Waqf, l’administration jordanienne des biens religieux musulmans à Jérusalem, sous le couvert de l’anonymat.

Dans une vidéo qu’il a lui-même postée en ligne, Ben Gvir se félicite de “grands progrès sur la gouvernance, la souveraineté et le nombre de juifs qui prient”.

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Dans un communiqué, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé qu’“il n’y a aucune politique privée d’aucun ministre sur le mont du Temple — ni du ministre de la Sécurité nationale ni d’aucun autre ministre”. “L’événement de ce matin sur le mont du Temple est une exception au statu quo”, assure-t-il.

En vertu d’un statu quo décrété après la conquête de Jérusalem-Est par Israël en 1967, les non-musulmans peuvent se rendre sur l’esplanade des Mosquées à des heures précises, sans y prier, une règle de moins en moins suivie par certains juifs nationalistes. Le lieu est administré par la Jordanie mais son accès est contrôlé par les forces de sécurité israéliennes.

Mardi, “la police israélienne n’a laissé entrer que quelques fidèles musulmans, imposant des restrictions à l’entrée à al-Aqsa”, a déclaré à l’AFP le responsable du Waqf.

Ben Gvir “supervise la judaïsation” du lieu saint hautement sensible “et contribue à changer la situation à al-Aqsa (…) au lieu de respecter les traités internationaux sur le statu quo avec la Jordanie”, a-t-il encore dit.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a dénoncé une “escalade” et des “provocations”, évoquant des “incursions illégales (…) pour préparer l’imposition d’un contrôle israélien total et une judaïsation” des lieux “en violation du droit international”.

Lors de son déplacement, Ben Gvir a également évoqué la guerre qui oppose Israël au Hamas depuis plus de dix mois dans la bande de Gaza, en déclarant qu’il fallait “gagner cette guerre, pas aller à des discussions à Doha ou au Caire”, les négociateurs régionaux qui, avec les États-Unis, poussent pour une trêve à Gaza. “Nous devons les battre, les mettre à genoux, nous pouvons battre le Hamas”, a encore martelé Ben Gvir.

Ticha Beav commémore chaque année la destruction des deux Temples, par les Babyloniens en 587 avant J.-C. puis par les Romains en l’an 70. Durant cette journée, les juifs jeûnent durant 25 heures. Ce jeûne se terminera cette année mardi soir.