Trêve à Gaza : le plan Biden dont le Hamas veut l’application

Trois phases d’une quarantaine de jours chacune pour un cessez-le-feu durable à Gaza : voici la proposition présentée le 31 mai par le président américain Joe Biden que le Hamas palestinien a dit préférer à des négociations supplémentaires.

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Benjamin Netanyahu accueillant Joe Biden en Israël après l'attaque du 7 octobre. Crédit: DR

En annonçant la proposition, Joe Biden l’a présentée comme un plan israélien, ce que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis longtemps à admettre. Après l’échec de nombreuses sessions de discussions, Israël a dit être prêt à reprendre des négociations indirectes le 15 août à la demande des médiateurs américain, égyptien et qatari.

Mais samedi 10 août, son armée a mené une frappe sur une école de Gaza abritant des déplacés qui a fait 93 morts, dont des femmes et des enfants selon la Défense civile locale. L’armée a dit y avoir tué 19 combattants palestiniens. Le site d’information israélien Walla a affirmé que 38 combattants palestiniens avaient été tués dans la frappe. Il était impossible de vérifier ces bilans de source indépendante.

En face, le mouvement islamiste Hamas indique avoir accepté le plan annoncé par Biden début juillet et préfère désormais le voir appliqué par Israël “plutôt que de mener plus de négociations ou d’amener de nouvelles propositions”. Continuer à discuter, argue-t-il, “donne une couverture” aux bombardements ininterrompus meurtriers de Gaza par Israël en représailles à l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre.

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L’assassinat le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh imputé à Israël avait fait douter le Qatar de l’opportunité de poursuivre la médiation entre Israël et le Hamas. “Les assassinats politiques et le fait que des civils continuent d’être pris pour cible à Gaza (…) nous amènent à nous demander comment une médiation peut réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre partie”, s’est interrogé le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani après la mort de Haniyeh.

Voici les phases de l’accord annoncé par Biden :

• Cessez-le-feu total de six semaines et retrait des troupes israéliennes des zones densément peuplées de la bande de Gaza.

• Libérations de “certains” otages enlevés durant l’attaque du 7 octobre dans le sud d’Israël, dont des femmes et des personnes âgées ou blessées. Des corps d’otages seront restitués aux familles. Le président américain a promis que les derniers otages ayant la nationalité américaine rentreront alors “à la maison”.

• Des centaines de Palestiniens emprisonnés par Israël libérés.

• Retour des déplacés palestiniens dans leurs quartiers dans la bande de Gaza dévastée par les bombardements israéliens.

• L’aide humanitaire, jusqu’ici largement insuffisante, “augmente fortement”. Jusqu’à 600 camions peuvent entrer par jour.

• Ses contours précis seront, selon Joe Biden, négociés pendant les discussions qui seront lancées durant la première phase.

• Le cessez-le-feu se poursuit tant que continuent les négociations qui doivent mener à un arrêt définitif des combats, le retour de tous les otages, soldats israéliens compris.

• Les forces israéliennes se retirent de l’ensemble de la bande de Gaza durant la seconde phase qui s’étale également sur six semaines.

• Vaste plan de reconstruction soutenu par les États-Unis et la communauté internationale. Un haut responsable américain a estimé qu’il faudrait de 3 à 5 ans.

• Les dernières dépouilles d’otages israéliens sont rendues à leurs familles.

Tout est fait, selon Joe Biden, pour que le Hamas ne puisse pas reconstituer ses capacités d’attaque, avec l’intervention de partenaires régionaux. Sinon, “Israël peut reprendre ses opérations militaires”.