Les habitants de Gaza ne peuvent plus le supporter, et l’humanité ne peut plus le supporter. Nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat et durable, nous avons besoin de la libération des otages israéliens”, a déclaré Ursula von der Leyen devant le Parlement européen à Strasbourg, alors qu’Israël a intensifié ses frappes meurtrières sur la bande de Gaza mercredi, après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé son intention “d’augmenter la pression” militaire sur le Hamas dans le territoire palestinien.
Les négociations indirectes en vue d’un cessez-le-feu restent bloquées. Dimanche, un dirigeant du Hamas a dit que le mouvement islamiste palestinien suspendait sa participation aux pourparlers après les “massacres de l’ennemi”, mais était “prêt” à y revenir si Israël montrait une “volonté sérieuse” d’aboutir.
“C’est le moment d’augmenter encore la pression” sur le Hamas
Mercredi, deux Palestiniens ont été tués dans des bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, selon une source médicale, et neuf autres dans une frappe de drone sur la ville de Gaza, dans le nord, selon la Défense civile, un organisme qui dépend du Hamas.
Mercredi soir, cette source a fait état de plusieurs autres frappes qui ont visé les secteurs d’Al-Zawaida et de Nousseirat, dans le centre du territoire, et d’Al-Chati, dans le nord, faisant au total 15 morts.
Une frappe a également fait quatre morts, trois enfants et une femme, près de Khan Younès, dans le sud, selon le ministère de la Santé du Hamas.
La veille, 57 personnes avaient péri dans cinq frappes dont l’une sur une école administrée par l’ONU et abritant des déplacés à Nousseirat, selon la Défense civile. L’armée a dit avoir visé “des terroristes se servant d’une école”.
Devant l’hôpital des martyrs d’al-Aqsa de la ville voisine de Deir el-Balah, Meqdad, un déplacé pleurait la mort de son fils de 18 mois tué à Nousseirat. “Je lui ai donné à manger et dès qu’il s’est endormi j’ai fermé la porte de la chambre. Et soudain une frappe ! Nous ne sommes que des déplacés, nous n’avons rien à voir avec tout cela”, a-t-il lancé, le corps de son fils dans les bras.
Des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés plusieurs fois depuis le début de la guerre à travers le territoire de 2,4 millions d’habitants, assiégé par Israël. Beaucoup s’abritent dans des écoles, dans des cours de dispensaires ou d’hôpitaux.
L’armée israélienne a affirmé mercredi avoir mené 25 frappes en 24 heures, bombardant un site de lancement de roquettes et “éliminant des cellules terroristes”.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l’attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l’armée.
En riposte, Israël a lancé une offensive dans le territoire palestinien, qui a fait jusqu’à présent 38.794 morts, en majorité des civils, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
“C’est le moment d’augmenter encore la pression” sur le Hamas, a dit mardi Netanyahu, qui veut poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, et la libération de tous les otages. “Nous le tenons à la gorge”, a-t-il affirmé mercredi.
“Catastrophe humanitaire”
Plusieurs ONG, parmi lesquelles Médecins sans frontières et Médecins du monde, ont dénoncé cette semaine la multiplication des frappes qui “aggravent la catastrophe humanitaire”, ainsi que “les obstacles imposés par la poursuite des opérations militaires” israéliennes.
Le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a annoncé que l’armée israélienne avait empêché mercredi toutes les missions de se rendre dans le nord de la bande de Gaza et d’atteindre ainsi “des centaines de milliers de personnes dans le besoin”.
Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Territoires palestiniens, Rik Peeperkorn, a déclaré mercredi que seulement 16 camions de l’OMS chargés d’aide étaient entrés dans la bande de Gaza en juin par le point de passage israélien de Kerem Shalom, tandis que des dizaines d’autres attendaient de pouvoir passer.
Le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte, crucial pour l’entrée de l’aide, est fermé depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle début mai du côté palestinien. Les États-Unis ont par ailleurs annoncé mercredi la fin de la mission de leur jetée flottante à Gaza, en principe destinée au déchargement d’aide humanitaire, mais minée par une succession de problèmes depuis sa mise en place.
En Israël, Benjamin Netanyahu fait face à de vives critiques pour ne pas avoir réussi à conclure un accord permettant la libération des otages. Mercredi, des centaines de personnes ont manifesté à Tel-Aviv, aux cris de “Un accord maintenant”, pour demander au Premier ministre de signer un accord, à l’appel des familles.
Dani Meran, dont le fils Omri, 47 ans, a été capturé au kibboutz Nahal Oz le 7 octobre, a déclaré à l’AFP “soutenir tout accord permettant de libérer des otages”.