Examens, résidanats et réformes : les engagements du gouvernement dans le dossier des facultés de médecine

Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a annoncé mardi 25 juin, lors d’une conférence de presse, une série d'engagements pris par le gouvernement à l’issue d'une réunion qui s’est tenue vendredi dernier.

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Conférence de Mustapha Baïtas à l'issue du conseil du gouvernement. Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

A l’issue d’une réunion qui a vu la participation du ministre de la Santé, de celui de l’Enseignement supérieur, du ministre délégué chargé des Relations avec le parlement ainsi que les doyens des facultés de médecine et les représentants des étudiants, le gouvernement “réitère son engagement total afin de garantir la qualité de la formation médicale au Maroc, et la nécessité pour toutes les parties prenantes de prendre pleinement leurs responsabilités par rapport à ce dossier”, selon Baitas, notamment les étudiants et leurs parents, sommés de “ne pas sortir du cadre éducatif et pédagogique”.

Pour rappel, parmi les principales revendications des étudiants, en grève depuis bientôt 8 mois, figurent l’opposition à la réduction de la durée de formation de 7 à 6 ans, la nécessité de clarifications sur les stages hospitaliers, les thèses, et le modèle de formation pour la médecine de famille, ainsi qu’une révision du statut légal des étudiants et une augmentation des indemnités jugées insuffisantes. Ils demandent également des précisions sur le maintien du concours d’internat et critiquent le manque de normes pédagogiques pour le troisième cycle. De plus, les étudiants des nouvelles facultés, notamment à Errachidia, Guelmim, Béni Mellal et Agadir, dénoncent des conditions d’études précaires et l’absence de CHU adéquats.

Calendrier des examens

Concernant le calendrier des examens, “le gouvernement annonce l’ouverture de la session du printemps le 26 juin 2024, dont la session de rattrapage se tiendra avant la fin du mois d’août. Quant aux rattrapages du premier semestre, ils se tiendront en septembre 2024”, selon le porte-parole du gouvernement.

Par ailleurs, les étudiants ayant préalablement été sanctionnés pour avoir boycotté les examens du premier semestre verront leurs “0” radiés de leurs relevés de notes. Ils seront, selon Baitas, remplacés par les notes obtenues lors de la session de rattrapage qui se tiendra en septembre. Ce retour en arrière concerne également les résidanats et stages qui ont été boycottés par les étudiants. Ces derniers auront en effet l’opportunité de les effectuer à partir de la rentrée prochaine.

Les étudiants en médecine et en pharmacie ont toutefois maintenu leur boycott qui a connu un taux de participation de 95% selon un communiqué de la Commission nationale des étudiants en Médecine, Médecine dentaire et Pharmacie.

Réforme pédagogique du système de santé

Le système de formation en médecine connaîtra une refonte à partir de la rentrée prochaine, laquelle “concerne la nouvelle promotion des étudiants entrant dans les facultés de médecine et de pharmacie à partir de septembre, grâce à l’adoption d’un cahier des charges pédagogique national pour le diplôme de docteur en médecine et sa publication par arrêté ministériel”, a annoncé Baitas. La durée du diplôme en question a été arrêtée à six ans.

Ce nouveau système de formation inclut “l’introduction de modules permettant aux étudiants d’acquérir des compétences et des aptitudes dans les domaines de la numérisation, de l’intelligence artificielle, de la télémédecine, de la formation en médecine de famille, de la simulation, des compétences de vie et personnelles, ainsi que des langues étrangères”.

Quant aux étudiants actuellement inscrits dans les facultés de médecine et de pharmacie, de la première à la cinquième année, ils seront soumis à la structure pédagogique actuelle de la formation médicale.

“Les étudiants de sixième année peuvent bénéficier de stages cliniques dans les services hospitaliers agréés pour la formation et l’encadrement par les commissions régionales avant de défendre leur thèse. Ces stages durent au moins trois mois et au plus un an. Les concernés reçoivent des indemnités similaires à celles dont bénéficient les étudiants de sixième année et obtiennent une attestation pour chaque période de stage”, a expliqué Baitas.

Indemnités et thèses

Les indemnités des étudiants en médecine, pharmacie et dentisterie pour les stages hospitaliers obligatoires seront augmentées. Cette mesure concerne les étudiants externes inscrits en troisième, quatrième, cinquième et sixième années. L’objectif est de mieux reconnaître les efforts et l’engagement des étudiants durant leurs périodes de formation pratique, en leur offrant un soutien financier accru pour leurs stages hospitaliers, essentiels à leur apprentissage et à leur future carrière professionnelle.

Le nombre de thèses pouvant être supervisées simultanément par chaque enseignant-chercheur sera augmenté “à cause de l’augmentation du nombre des étudiants dans les facultés de médecine”, selon Baitas. Cela permettra de mieux accompagner le nombre croissant d’étudiants en phase de rédaction et de soutenance de leurs thèses. Par ailleurs, le temps d’enregistrement et de soutenance des thèses sera également augmenté à un maximum de trois mois. De plus, une plateforme numérique sera adoptée pour la gestion des thèses dans toutes les facultés de médecine et de pharmacie.

Formation spécialisée du troisième cycle

“Dans le cadre du troisième cycle de spécialisation médicale, des comités d’experts nationaux ont été créés pour chaque spécialité médicale et pharmaceutique”, a déclaré Baitas. Ces comités seront chargés de revoir et de proposer des améliorations concernant les conditions d’accès, le contenu de la formation, ainsi que les modalités d’évaluation.

En parallèle, les statuts des résidents seront harmonisés afin de “réduire la durée d’engagement de huit à trois ans à partir de la promotion 2025. Les résidents bénéficieront d’un salaire mensuel équivalent à l’indice de référence 509, ainsi que d’autres indemnités définies par la législation”. Cette harmonisation est accompagnée de l’augmentation du nombre de postes disponibles pour le concours de résidanat à partir de janvier 2025.

“La titularisation des résidents dans la fonction publique de la santé sera immédiate dès le début de leur mission, avec la préservation de tous les acquis, y compris les promotions et la retraite. Les médecins spécialisés auront le droit de démissionner à la fin de leur contrat de trois ans sans aucune condition, et pourront continuer à travailler dans la fonction publique de la santé après la fin de leur contrat sans obligation”, a élaboré Baitas.

Zones de stages hospitaliers et infrastructures

Les zones de stages hospitaliers seront étendues pour s’adapter au nombre croissant d’étudiants, incluant non seulement les hôpitaux universitaires, mais aussi d’autres institutions de santé. Les facultés de médecine et de pharmacie publieront les nouvelles zones de stages hospitaliers au début de chaque année universitaire, permettant aux étudiants de planifier leurs stages de manière plus efficace.

Trois nouvelles facultés verront également le jour à Guelmim, Errachidia et Beni Mellal. De plus, la capacité d’accueil des facultés existantes sera augmentée pour accueillir davantage d’étudiants. 

Statut des étudiants externes, internes et résidents

Les étudiants externes, internes et résidents verront leur statut défini par un nouveau décret. “Ce décret précise la situation des étudiants des facultés de médecine, de pharmacie et de dentisterie au sein des institutions de santé publique relevant des groupements sanitaires territoriaux”, a déclaré Baitas, sans donner plus de détails concernant le décret en question.