La pirogue a été repérée mercredi après-midi par un bateau alors qu’elle se trouvait à environ 800 km au sud de Tenerife, l’une des îles de cet archipel espagnol situé près des côtes nord-ouest du continent africain, où le nombre des arrivées de migrants augmente de nouveau depuis quelques semaines.
Les sauveteurs avaient alors demandé à un paquebot de croisière, l’Insignia, qui se trouvait à proximité, d’aller chercher les survivants, ont indiqué les services de secours espagnols.
Ce bateau, propriété de la société Oceania Cruises, basée à Miami, et qui peut accueillir jusqu’à 670 passagers, effectuait depuis janvier un voyage de 180 jours autour du monde.
Son équipage est parvenu à secourir 68 migrants d’Afrique subsaharienne, parmi lesquels se trouvaient trois mineurs et trois femmes, et à remonter trois corps, mais le « mauvais temps » l’a empêché de récupérer les deux autres corps.
Il a donc été décidé de laisser là le bateau de migrants en déposant un dispositif de localisation à bord pour permettre aux sauveteurs de le retrouver plus tard. L’Insignia devrait arriver à Tenerife vendredi matin.
Un porte-parole d’Oceania Cruises a déclaré que les 68 migrants avaient reçu à bord « une assistance médicale ainsi que de la nourriture, des boissons, des vêtements et un endroit sûr pour se reposer ».
Selon les dernières statistiques du ministère espagnol de l’Intérieur pour 2024, 18.977 migrants sont arrivés aux Canaries entre le 1er janvier et la mi-juin à bord de 290 embarcations, contre 5.914 à bord de 126 embarcations pour la période correspondante de l’an dernier.
En 2023, près de 40.000 migrants étaient arrivés aux Canaries, soit plus du double du chiffre enregistré l’année précédente et plus même qu’en 2006, année record jusqu’alors pour les arrivées de migrants.
L’Espagne est l’un des trois principaux points d’entrée en Europe pour l’immigration clandestine, avec la Grèce et l’Italie.
Depuis le début de l’année, les arrivées en Italie par la mer ont toutefois beaucoup baissé, selon les chiffres du ministère italien de l’Intérieur, les flux de migrants se déplaçant vers l’Espagne et la Grèce.
En ce qui concerne l’Espagne, la route principale est celle des Canaries, moins surveillée que celle de la Méditerranée. Il s’agit toutefois d’une route extrêmement dangereuse en raison des courants et de l’état très précaire des embarcations de fortune utilisées par les migrants. La plupart des embarcations qui arrivent aux Canaries proviennent du Sénégal, du Maroc ou du Sahara.
Selon les chiffres de l’ONG espagnole d’aide aux migrants Caminando Fronteras, plus de 5.000 migrants ont péri au cours des cinq premiers mois de l’année alors qu’ils tentaient de gagner les côtes espagnoles, la plupart par la route des Canaries.