La Russie abandonne le pétrodollar : prélude à une possible réorientation du BRICS+ ?

Dans des développements récents, la Russie a pris une mesure significative en suspendant les échanges en dollars et en euros sur sa principale place financière, la Bourse de Moscou (MOEX), en raison de nouvelles sanctions américaines. Ce geste soulève des questions cruciales sur l'avenir du pétrodollar, surtout alors que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) a décidé de ne pas assister au sommet du G7 en raison de ses engagements liés à la saison du Hajj, alimentant les spéculations sur la position de l'Arabie saoudite à l'égard du pétrodollar.

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Le 12 juin 2024, la Bourse de Moscou a annoncé la suspension immédiate des échanges en dollars et en euros suite à une nouvelle vague de sanctions américaines. La réponse de la Russie souligne sa dépendance –et sa confiance– croissante à l’égard du yuan chinois, qui est déjà devenu la devise la plus échangée à la Bourse de Moscou, représentant 53,6% de toutes les devises étrangères échangées en mai. Cet éloignement du dollar et de l’euro n’est pas seulement une réaction aux sanctions, mais aussi un mouvement vers la dédollarisation, s’alignant plus étroitement sur l’influence économique de la Chine.

Les sanctions, qui visent à couper le flux d’argent soutenant « l’entreprise guerrière » de la Russie, ont poussé les banques, les entreprises et les investisseurs à déplacer leurs transactions vers les marchés de gré à gré (OTC ; où simplement un marché où les échanges se font directement entre deux parties sans passer par une bourse centralisée). Ce changement devrait augmenter la volatilité et créer des fluctuations significatives des taux de change, car la surveillance centrale fournie par la Bourse est perdue.

Les experts prévoient que ce déplacement entraîne des risques de manipulation accrus et des écarts plus importants entre les prix d’achat et de vente. Malgré ces défis, la banque centrale russe a assuré au public que les dépôts en dollars et en euros restent en sécurité, bien que l’accès à ces devises puisse devenir plus complexe et coûteux.

MBS : une absence symbolique ?

Simultanément, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a annoncé qu’il n’assistera pas au prochain sommet du G7, durant lequel les dites sanctions ont été annoncées, en raison de ses engagements liés à la saison du Hajj.

La décision du prince héritier de ne pas assister a été interprétée par plusieurs comme un signal de changement de priorités ou même comme un indice subtil sur une réévaluation de l’engagement du royaume du golfe envers le système pétrodollar. En tant que plus grand exportateur de pétrole au monde et nouveau membre du groupe BRICS+, la position de l’Arabie saoudite sur cette question est cruciale.

Le système pétrodollar, établi dans les années 1970, a joué un rôle pivot dans le maintien de la domination du dollar américain dans le commerce mondial.

Si l’Arabie saoudite venait à abandonner le pétrodollar, cela entraînerait un changement sismique dans le paysage économique mondial. Cela pourrait non seulement entraîner une instabilité significative, car les pays et les entreprises devraient s’adapter à de nouvelles devises pour les transactions pétrolières, provoquant une volatilité et une incertitude à court terme, mais l’absence d’une monnaie uniforme pour le commerce pétrolier pourrait également conduire à des marchés fragmentés et à des coûts de transaction accrus, affectant la dynamique entière du commerce mondial, et plus particulièrement des États-Unis dont la devise se déprécierait largement.

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