A l’aide de petits récipients ou de simples bouteilles en plastique, ils tentaient lundi d’évacuer les eaux sales et nauséabondes de leurs tentes après la rupture d’une canalisation.
« Toutes les tentes ont été inondées par les eaux usées. Ce n’est pas une vie », lâche Abdellah Barbakh, un habitant entouré de bâtiments en ruine dans cette ville dévastée par des mois de guerre. « J’implore tous les pays arabes et le monde entier de voir ce qui nous arrive. Nous vivons au milieu des eaux usées. »
« J’implore tous les pays arabes et le monde entier de voir ce qui nous arrive. Nous vivons au milieu des eaux usées »
Les habitants ont retiré les tapis de leurs tentes et commencé le long processus d’évacuation des eaux boueuses, tandis que des enfants pataugent dans une rivière d’eaux sales traversant une route principale.
Selon les habitants, les eaux usées rendent insoutenable la vie dans cette ville où des amas de débris et d’énormes dalles de béton jonchent les rues. « Les eaux usées nous ont submergés. Nous ne pouvons ni manger, ni boire, ni dormir. Nous dormons dans les rues », déplore Abdelsamad Barbakh, un habitant.
Au cœur des combats pendant les premiers mois de la guerre, Khan Younès est ensuite devenue un refuge pour les déplacés, nombreux à avoir fui plusieurs fois au gré des bombardements israéliens. Selon l’Unrwa, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, environ 1,7 million de personnes ont trouvé refuge à Khan Younès et dans les zones centrales de la bande de Gaza.
Des dizaines de milliers de personnes y ont trouvé refuge après avoir fui Rafah, plus au sud, où les bombardements israéliens et les combats urbains entre combattants palestiniens et forces israéliennes ont ravagé des quartiers entiers.
« Nous dormons sur des draps qui ne conviennent pas à un être humain »
Mohammed Ahmed Abdelmajid, qui vit à Khan Younès après avoir fui la ville de Gaza (nord), confie à l’AFP que ses conditions de vie sont si difficiles qu’il lui est impossible de trouver le sommeil. « Nous vivons dans des conditions difficiles, dans des tentes, et nous dormons sur des draps qui ne conviennent pas à un être humain », regrette-t-il. « Avant la guerre, nous vivions dans une maison confortable et dans un environnement sain. Aujourd’hui, la situation a changé. »
Plusieurs déplacés sont contraints de nouveau à partir à la recherche d’un endroit plus sur et plus sain. Des charrettes tirées par des ânes, chargées d’objets divers, parsèment les rues.
Saïd Achour, un habitant, explique à l’AFP les difficultés à se procurer de l’eau potable. « Il n’y a pas d’eau potable, nous devons marcher un ou deux kilomètres », dit-il. « Il n’y a même pas de vendeur d’eau dans les rues. Il n’y a même pas d’eau de mer ».
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1.190 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Sur environ 250 personnes enlevées durant l’attaque, 120 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l’armée israélienne. En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts dans la bande de Gaza qui a fait jusqu’à présent 36.479 morts, essentiellement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas.
A Khan Younès, des travailleurs ont indiqué à l’AFP qu’ils manquaient d’équipements adéquats pour réparer la canalisation. « Nous travaillons pour atténuer les souffrances des habitants à cause des eaux usées, mais nous n’avons pas les moyens, les matériaux ou l’équipement de maintenance nécessaires à notre travail », déplore Houssam Mousa, un employé de la municipalité.