Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza a déferlé sur les campus américains, dans une quarantaine d’universités, de la côte Atlantique à la Californie, évoquant les manifestations contre la guerre du Vietnam. Au total, près de 2000 personnes ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.
Ces derniers jours la police a procédé à une série de démantèlements manu militari de campements propalestiniens.
Des manifestants propalestiniens barricadés dans la prestigieuse université Columbia, épicentre de la mobilisation estudiantine, ont ainsi été chassés dans la nuit de mardi à mercredi.
À l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), des dizaines d’étudiants ont été arrêtés.
À rebours d’autres institutions, l’université Brown (Rhode Island, Est) s’est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d’un vote sur un éventuel “désinvestissement” de “sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza”.
L’ONU s’est dite mardi “inquiète” des actions de la police sur des campus d’université aux États-Unis. Le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, Volker Türk, s’est dit troublé “par une série de mesures musclées prises pour disperser et démanteler les manifestations”, soulignant que “la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique sont fondamentaux”.
Les principaux locaux de la prestigieuse école parisienne Sciences Po, qui accueille 5000 à 6000 étudiants dans la capitale, resteront fermés vendredi, la police française ayant débuté une intervention vendredi pour évacuer plusieurs dizaines de militants propalestiniens qui occupaient les locaux de l’école depuis la veille.
Après un débat interne sur le Proche-Orient organisé jeudi par la direction de Sciences Po Paris, auquel ont participé professeurs et étudiants, l’administrateur provisoire de l’école, Jean Bassères, a répété qu’il n’était pas question, comme le réclament certains étudiants, d’“investiguer” les relations de Sciences Po avec des universités israéliennes.
Les actions menées par des étudiants en soutien à Gaza ont lieu principalement dans des établissements Sciences Po à travers la France, mais peu au sein des universités.
À Lille (nord), l’Institut d’études politiques est resté fermé jeudi et les accès à l’École supérieure de journalisme (ESJ) étaient bloqués.
La ministre française de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a demandé jeudi aux présidents d’université de veiller au “maintien de l’ordre” public, en utilisant “l’étendue la plus complète des pouvoirs” dont ils disposent, notamment en matière de sanctions disciplinaires en cas de troubles ou de recours aux forces de l’ordre.
Le mouvement étudiant propalestinien s’est implanté dans plusieurs villes, dont Vancouver, Ottawa, Toronto et Montréal. Le premier campement érigé et le plus important, celui de la prestigieuse université McGill à Montréal, a débuté le 27 avril et pris de l’ampleur.
Les centaines de manifestants ont fortifié leur campement ces derniers jours en raison de la menace d’un démantèlement par les forces de l’ordre. Ils se disent déterminés à occuper les lieux aussi longtemps qu’il le faudra, jusqu’à ce que McGill coupe tout lien financier ou académique avec Israël.
Mercredi, la direction de l’établissement a déclaré souhaiter que le campement soit démantelé “sans délai”, affirmant qu’il s’agissait d’une demande “non négociable”. Selon elle, “un certain nombre de manifestants ne font pas partie de la communauté étudiante”.
La police de Montréal, qui dit préconiser un dénouement “pacifique” de la situation, n’est pour l’instant pas intervenue pour démanteler le camp. Plus tôt cette semaine, un tribunal québécois a rejeté une demande d’injonction faite par deux étudiants de McGill qui demandaient à ce que les manifestants quittent le campus.
À l’université de Sydney, des centaines de manifestants propalestiniens et pro-israéliens se sont retrouvés face à face vendredi. Malgré quelques échanges tendus, les deux rassemblements sont restés pacifiques et la police n’est pas intervenue. Des militants propalestiniens campent depuis dix jours sur une pelouse face au tentaculaire bâtiment gothique de l’université de Sydney, un bastion du savoir académique australien.
Comme leurs homologues américains, les protestataires veulent que l’université de Sydney coupe ses liens avec les institutions israéliennes et refuse les donations de sociétés d’armement. Le vice-président de l’université Mark Scott a écrit aux étudiants et au personnel pour exprimer son “engagement pour la liberté d’expression” et n’a pas demandé à la police de démanteler le camp.
À Mexico, des dizaines d’étudiants propalestiniens de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont dressé un camp jeudi dans la capitale, scandant “Vive la Palestine libre !” et “De la rivière à la mer, la Palestine vaincra !”. Ils ont notamment demandé au gouvernement mexicain de rompre les relations diplomatiques et commerciales avec Israël.
Une centaine d’étudiants propalestiniens occupaient jeudi en fin d’après-midi le hall d’entrée du bâtiment Géopolis de l’Université de Lausanne (UNIL), exigeant un boycott académique des institutions israéliennes et un cessez-le-feu immédiat et permanent, a rapporté l’agence de presse Keystone-ATS.