Alors que le Hamas n’a pas encore donné sa réponse à une proposition prévoyant un arrêt des hostilités pendant 40 jours, Blinken devrait aussi tenter de presser le Premier ministre Benjamin Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre annoncée contre Rafah, dans le sud du territoire palestinien de Gaza.
D’après un responsable israélien, Israël attendra jusqu’à “mercredi soir” une réponse du Hamas avant de décider s’il enverra ou non une délégation au Caire en vue d’un possible accord. Après une réunion lundi au Caire avec les médiateurs égyptien et qatari, une délégation du Hamas a regagné Doha et devrait donner sa réponse “aussi vite que possible”, selon une source proche du mouvement islamiste palestinien.
“Même en ces temps difficiles, nous sommes déterminés à obtenir un cessez-le-feu ramenant les otages chez eux et de l’obtenir maintenant. Et la seule raison pour laquelle cela ne se ferait pas, c’est le Hamas”, a dit Blinken, lors d’une rencontre à Tel-Aviv avec le président Isaac Herzog.
La dernière proposition, qui prévoit un échange d’otages retenus à Gaza contre des prisonniers palestiniens, fait suite à des mois de blocage dans les négociations indirectes malgré le lourd bilan humain de la guerre et une catastrophe humanitaire à Gaza au bord de la famine selon l’ONU.
Fin novembre, une trêve d’une semaine a permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.
Antony Blinken, pour qui la nouvelle proposition est “extraordinairement généreuse de la part d’Israël”, avait pressé mardi le Hamas de l’accepter “sans plus tarder”. Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne, réclame en premier lieu un cessez-le-feu “permanent” avant tout accord, ce qu’Israël refuse.
Et Netanyahu a répété mardi qu’il était déterminé à mener une offensive terrestre à Rafah, ville considérée comme le dernier bastion du Hamas et où s’entassent environ 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par la guerre. “L’idée d’arrêter la guerre avant d’avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord (de trêve), afin d’obtenir une victoire totale”, a-t-il dit.
Netanyahu doit s’entretenir à 10 h 45 locales (7 h 45 GMT) à Jérusalem avec Blinken, dont le pays est hostile à une opération terrestre à Rafah en raison des craintes pour la population civile. Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, qui a plaidé pour un cessez-le-feu lors de sa rencontre mardi avec Netanyahu, est lui attendu mercredi au Caire, selon les autorités égyptiennes.
“La vérité est qu’une opération terrestre à Rafah serait tout simplement une tragédie sans nom. Aucun plan humanitaire ne peut contrer cela”, a mis en garde mardi le chef des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths.
Un “enfer humanitaire”
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent le 7 octobre de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas et lancé une offensive de grande envergure -aérienne puis terrestre — qui a fait jusqu’à présent 34.535 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. Et l’armée de l’air israélienne continue de bombarder la bande de Gaza, faisant quotidiennement des dizaines de morts selon le même ministère.
La guerre a provoqué un “enfer humanitaire” dans le petit territoire palestinien assiégé par Israël depuis le 9 octobre, selon le chef de l’ONU Antonio Guterres.
Après le froid de l’hiver, les familles déplacées à Rafah subissent à présent la chaleur qui monte, et se trouvent menacées, sans eau courante, par la propagation des maladies et la famine. L’aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrive au compte-gouttes principalement depuis l’Égypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions de Gazaouis.
Les États-Unis font pression sur Israël pour qu’il facilite l’entrée de l’aide par la route et ont commencé à construire un port flottant face au littoral de Gaza, destiné à accueillir des cargaisons arrivées par bateau depuis Chypre. La structure sera prête jeudi, selon Chypre.
Blinken s’est félicité de l’ouverture mardi d’une voie terrestre “directe” entre la Jordanie et Gaza via le point de passage d’Erez, ouvert par Israël sous la pression des États-Unis. “Il s’agit d’un progrès réel et important, mais il reste encore beaucoup à faire”, a dit Blinken qui, avant Israël, s’est rendu en Jordanie et en Arabie saoudite dans le cadre de sa septième mission au Moyen-Orient depuis le début de la guerre.