Il s’agit d’une nouvelle inquiétante”, mais “je suis convaincu que les forces de sécurité” espagnoles “remettront cette personne à disposition de la justice dans les plus brefs délais”, a commenté le ministre de la Justice, Félix Bolaños, interrogé mardi à l’issue du Conseil des ministres sur cet imbroglio judiciaire.
Accusé d’avoir dirigé un réseau de trafic de drogue ayant acquis au moins 172 propriétés dans le sud de l’Espagne, Karim Bouyakhrichan avait été interpellé et placé en détention provisoire le 10 janvier à Marbella, station balnéaire prisée par les trafiquants de drogue internationaux.
Mais un juge du tribunal de Malaga a décidé le 22 février de le remettre en liberté provisoire sous contrôle judiciaire, contre l’avis du parquet.
Dans son ordonnance, que l’AFP a pu consulter, ce magistrat a estimé que le retrait du passeport, le versement d’une caution de 50.000 euros et l’obligation de se présenter deux jours par mois à la police étaient suffisants face au risque de fuite.
Contactée par l’AFP, l’Audience nationale, instance judiciaire chargée des dossiers sensibles, a expliqué avoir lancé la procédure d’extradition de Karim Bouyakhrichan après son arrestation, en réponse à la demande formulée par les autorités néerlandaises qui le réclament pour trafic de drogue.
Mais cette procédure a finalement été reportée, compte tenu de l’intention du tribunal de Malaga de le juger d’abord en Espagne pour blanchiment d’argent.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole du parquet néerlandais a fait part de son incompréhension après cette remise en liberté. Le juge espagnol avait “décrété qu’en cas de libération” dans l’affaire de blanchiment, Karim Bouyakhrichan devait être “placé en détention en vue de son extradition dans le cadre du dossier néerlandais. Nous ne savons pas pourquoi cela ne s’est pas produit”, a assuré ce porte-parole, Vincent Veenman.
Karim Bouyakhrichan est soupçonné par les enquêteurs d’avoir dirigé un vaste trafic international de stupéfiants et d’avoir blanchi près de six millions d’euros, grâce à des relais dans plusieurs villes d’Espagne ainsi qu’au Maroc, en République dominicaine, aux Pays-Bas et aux Émirats arabes unis.
Lors de son interpellation en janvier, 172 biens immobiliers d’une valeur estimée à 50 millions d’euros ont été saisis. Selon la police, ce coup de filet a permis l’interpellation de cinq autres membres présumés du groupe criminel, et la saisie de 75.000 euros et de deux armes à feu.
Karim Bouyakhrichan, qui était recherché depuis cinq ans au moment de son arrestation, est le frère de Samir Bouyakhrichan, également membre de la Mocro Maffia. Surnommé “Scarface” en raison d’une cicatrice sous l’œil droit, ce dernier a été tué en 2014 près de Marbella.