La frappe, qui a suscité une vague de critiques internationales, survient après près de six mois d’une guerre dévastatrice dans le territoire palestinien entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste en Israël le 7 octobre.
De retour d’une mission à Gaza, Dominic Allen, représentant du Fond des Nations unies pour la population (UNFPA), a jugé la situation dans le territoire palestinien assiégé, au bord de la famine, « pire que catastrophique ».
La frappe israélienne survenue lundi à Deir al-Balah (centre) a tué sept membres de World Central Kitchen (WCK, basée aux Etats-Unis) qui venaient de décharger « plus de 100 tonnes de nourriture amenées à Gaza par voie maritime », selon l’ONG. C’est « une grave erreur » qui « n’aurait pas dû se produire », a déclaré le chef de l’état-major israélien Herzi Halevi, évoquant « une mauvaise identification » dans des « conditions très complexes ».
Mardi, le président d’Israël Isaac Herzog avait présenté ses « excuses », le Premier ministre Benjamin Netanyahu évoquant une frappe « non intentionnelle » et « tragique ».
WCK, qui s’est dit « dévastée » par la mort de ses « héros », a publié sur X les noms, les photos et les nationalités des victimes : Saifeddine Issam Ayad Aboutaha, 25 ans, Palestinien ; Lalzawmi Frankcom, 43 ans, Australienne ; Damian Sobol, 35 ans, Polonais ; Jacob Flickinger, 33 ans, Américano-canadien, ainsi que John Chapman, 57 ans, James Henderson, 33 ans et James Kirby, 47 ans, des Britanniques.
Les dépouilles des six Occidentaux doivent être amenées mercredi au poste-frontière de Rafah (sud) en vue de leur rapatriement, a indiqué Marwan al-Hams, directeur de l’hôpital Abou Najar de cette ville jouxtant l’Egypte.
L’ONU a dénoncé un « mépris du droit humanitaire international » et le président américain Joe Biden s’est dit « indigné », estimant qu’Israël ne protège « pas assez » les personnes venant en aide à la population palestinienne « affamée ». Alliés historiques d’Israël, les Etats-Unis ont aussi réclamé une enquête « rapide » sur le drame.
« C’est inadmissible. Mais c’est le résultat inévitable de la façon dont la guerre est menée », a relevé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, répétant son appel à un cessez-le-feu immédiat.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d’Israël qui a entraîné la mort d’au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages dont 34 sont mortes, à Gaza.
En représailles, Israël s’est fixé comme objectif de détruire le Hamas et a lancé une campagne de bombardements aériens intenses sur la bande de Gaza, suivie d’une offensive terrestre qui a permis à ses soldats de progresser du nord au sud de la petite bande de terre.
Au moins 32.916 personnes, la plupart des civils, ont été tuées dans les opérations israéliennes, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas. Le ministère de la Santé du Hamas a indiqué tôt mercredi que 60 personnes avaient été tuées dans la bande de Gaza durant les dernières 24 heures.
WCK a annoncé suspendre ses opérations dans la région après la frappe de lundi, la plus mortelle à avoir touché du personnel humanitaire international depuis le début de la guerre. Depuis le 7 octobre, l’ONG avait fourni des repas dans le territoire palestinien, où la majorité des quelque 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU. Elle avait participé mi-mars à l’envoi à Gaza d’un premier bateau d’aide depuis Chypre.
Ce couloir maritime a été mis en place en raison de la difficulté de faire entrer de l’aide humanitaire par voie terrestre dans le territoire sous blocus israélien, mais nombreux pays jugent que la voie terrestre est la plus à même de permettre l’acheminement de l’énorme aide dont la population a besoin. Après la frappe de lundi, un second bateau, le Jennifer, est retourné à Chypre avec près de 240 tonnes de nourriture encore à bord.
L’armée israélienne s’était retirée lundi du complexe hospitalier al-Chifa dans la ville de Gaza (nord), où elle avait lancé le 18 mars une vaste opération contre le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne et accusé d’utiliser ce lieu comme un « centre de commandement ».
Elle a indiqué mardi continuer ses opérations dans la ville de Khan Younès (sud), notamment dans le secteur de l’hôpital Al-Amal, qui avait dû cesser ses activités il y a une semaine en raison des opérations israéliennes. A Al-Amal, elle a dit notamment avoir « tué et arrêté un certain nombre de terroristes ». De « nombreuses armes » ont été aussi découvertes.
A Jérusalem, pour le quatrième soir consécutif, des familles d’otages et des opposants au gouvernement de Netanyahu se sont rassemblés mardi devant le Parlement pour crier leur colère et réclamer la démission du Premier ministre. « Vous menez une campagne contre moi, contre les familles d’otages, vous vous êtes retournés contre nous. Vous nous appelez ‘traîtres’ quand VOUS êtes le traître, un traître à votre peuple, à vos électeurs, à l’Etat d’Israël », a crié au micro Einav Zangauker, dont le fils est retenu en otage à Gaza.