La Confédération marocaine des TPE-PME, déçue du dialogue social, s’insurge contre le patronat

La Confédération marocaine des TPE-PME, organisme représentatif des petites et moyennes entreprises, a fait part ce jeudi dans un communiqué de sa déception quant au manque de représentation de ces sociétés dans le dialogue social, et a développé en 8 points ses demandes et annonces contre ce manque de considération.

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Abdellah El Fergui, président de la Confédération Marocaine des TPE-PME. Crédit: DR

Profonde préoccupation”, “absence de dialogue social”, “grande déception”… Les mots ne manquent pas à la Confédération marocaine des TPE-PME, jeudi 28 mars, pour exprimer sa défiance vis-à-vis du patronat qui, selon elle, l’exclut d’un dialogue social “crucial pour l’avenir du pays”.

Dans un communiqué signé par son président Abdellah El Fergui, la Confédération dénonce en 8 points l’absence de prise en compte des intérêts des TPE et PME — qu’elle assure représenter — elles qui représentent 93 % du tissu entrepreneurial marocain.

PME invibilisées

Partie dénonciation, la Confédération marocaine des TPE-PME vide son sac. Tout d’abord, elle “condamne fermement son exclusion du dialogue social”, citant entre autres les projets de loi de finances et les conseils d’administration des organismes directement impliqués dans la gestion des TPE-PME, comme par exemple la CNSS, auxquels elle n’a pas été conviée.

Par ailleurs, elle s’insurge contre “l’absence du ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences dans (ses) préoccupations et dans les décisions et programmes qui (la) concernent directement”. Elle note en outre son rapport exclusif avec le patronat “qui est loin de nous représenter”.

En conséquence de quoi Abdellah El Fergui considère que la Confédération “n’est pas tenue de mettre en œuvre les décisions” qui découlent du dialogue social. Parmi elles, notamment, l’augmentation du SMIG “que les TPE-PME ne sont pas en mesure d’appliquer”.

TPE-PME : un tissu entrepreneurial majoritaire et en danger

L’organisme explique cette impossibilité d’augmenter le SMIG à 5000 dirhams par une “grave crise” que traverseraient les TPE-PME. “Il est crucial que nos voix soient entendues”, s’alarme-t-il.

En quelques chiffres, le communiqué rappelle que parmi les 14.000 faillites d’entreprises personnes morales qui frappent le Maroc, “99 % sont des TPE”, et “si on ajoute les faillites des entreprises personnes physiques le nombre dépasse de loin les 33.000” dessous de porte qui ont vu passer des clés.

Il est urgent de prendre des mesures concrètes pour soutenir nos entreprises et préserver l’emploi qu’elles génèrent”, conclut Abdellah El Fergui.

Le “quota des 20 %”

Dans son communiqué, la Confédération marocaine de TPE-PME réclame également l’application de mesures promises par la ministre des Finances en décembre 2022. Abdellah El Fergui cible notamment la “promesse non tenue” de madame Alaoui de réserver au minium 20 % des commandes publiques aux TPE-PME (d’au moins 200 employés), autrement connue sous le nom de “quota des 20 %”. Il rappelle que “aucune action n’a été entreprise pour concrétiser” la publication du décret d’application d’une loi “publiée en 2013”.

Par ailleurs, la Confédération souligne que les TPE et PME “perdent chaque année presque 60 milliards de dirhams d’investissements” sur un total “de plus de 300 milliards”, et dénonce un patronat qui, “avec ses grandes et moyennes entreprises, sont les seules bénéficiaires” de ces investissements.

L’injection de ces milliards vers les TPE et PME permettrait, selon le communiqué, de favoriser la création d’emploi, de renforcer le tissu économique local, et de “promouvoir une répartition plus équitable des ressources économiques”.

Création de l’Observatoire marocain des TPE

Last but no least, la Confédération s’engage dans son 8e et dernier point dans une scission avec le patronat, en créant une alternative à l’Observatoire marocain des TPME créé par ce dernier et à laquelle la Confédération n’a pas été intégrée “malgré nos multiples tentatives pour y adhérer”, précise le communiqué. Par conséquent, Abdellah El Fergui annonce la très prochaine création de l’Observatoire marocain des TPE.

L’objet de ce nouvel observatoire sera, selon la Confédération, d’“évaluer l’impact des politiques économiques” sur les TPE, structures “tout à fait différentes des PME” et ainsi “mettre en évidence les défis” de ces entreprises de moins de 10 employés et de “formuler des recommandations pour soutenir leur développement et leur croissance”.

La Confédération “invite tous les acteurs et partenaires intéressés par les TPE à rejoindre cet Observatoire et à contribuer activement à sa mission”.

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