Le Portugal attend son nouveau gouvernement dans un contexte incertain

Le nouveau Premier ministre portugais issu de la droite modérée, Luis Montenegro, doit dévoiler jeudi son gouvernement dans un contexte politique incertain en raison de l’absence de majorité absolue au Parlement et de la forte progression de l’extrême droite.

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Le nouveau Premier ministre portugais issu de la droite modérée, Luis Montenegro, doit dévoiler jeudi son gouvernement dans un contexte politique incertain

Invité la semaine dernière à former un gouvernement après sa courte victoire aux élections législatives anticipées du 10 mars, Montenegro, un avocat de formation âgé de 51 ans, doit soumettre en fin d’après-midi, à une heure non précisée, la composition du nouveau gouvernement au président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa. La liste devrait ensuite être publiée par la présidence.

Après huit années de gouvernement socialiste, la nouvelle équipe gouvernementale entrera en fonctions mardi prochain. Le scrutin du 10 mars a été remporté par l’Alliance démocratique (AD) qui regroupe le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) de Montenegro et deux petits partis conservateurs.

Peu de noms ont filtré jusqu’à présent. Mais d’après les médias, Nuno Melo, président du CDS-PP, l’un des trois partis composant l’AD, pourrait se voir attribuer le ministère de la Défense. Le CDS avait déjà fait partie du gouvernement lorsque le PSD était au pouvoir entre 2011 et 2015.

L’autre nom cité dans les médias locaux est celui d’Ana Paula Martins, ancienne présidente du centre hospitalier universitaire de Lisbonne, qui pourrait être nommée au portefeuille de la Santé.

En revanche, les autres partis de droite comme les libéraux d’Iniciativa liberal (droite), qui ont obtenu huit députés lors du scrutin du 10 mars, ne devraient pas faire partie de l’exécutif. Montenegro, qui a catégoriquement exclu tout accord avec l’extrême droite, devra composer un gouvernement qui reposera sur un équilibre très fragile après sa courte victoire électorale.

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L’AD, qui a remporté les législatives avec 28,8% des suffrages, compte 80 députés sur un total de 230, contre 28% des voix et 78 sièges pour le Parti socialiste, tandis que le parti d’extrême droite Chega (“Assez” en portugais) a renforcé de manière spectaculaire son statut de troisième force politique du pays en passant de 12 à 50 députés.

Cette fragmentation politique pourrait être source d’instabilité, comme l’a illustré mardi l’élection du nouveau président de l’hémicycle. À peine investi, le Parlement s’est retrouvé dans l’impasse, les députés échouant à plusieurs reprises à choisir leur président, avant de parvenir à un accord mercredi pour une présidence répartie entre les deux principaux partis.

José Pedro Aguiar-Branco, député du PSD, dirigera ainsi les travaux du Parlement jusqu’en septembre 2026, la présidence revenant ensuite aux socialistes. La droite modérée et les socialistes “ont donné une leçon de démocratie, en laissant Chega face à ses positions”, a estimé David Pontes dans un éditorial publié par le quotidien Publico, laissant entrevoir la possibilité pour les deux grandes formations politiques de “se mettre d’accord sur l’essentiel”.

Sur le plan économique et financier, le nouveau gouvernement bénéficiera, en revanche, d’une situation plus stable, avec une conjoncture particulièrement positive, comme en témoigne l’excédent budgétaire historique de 1,2% du Produit intérieur brut (PIB) rendu public lundi.

Le Premier ministre sortant, le socialiste Antonio Costa, qui s’est entretenu avec son successeur mercredi pour préparer la passation, a affirmé quitter le pouvoir avec “le sens du devoir accompli”, malgré quelques dossiers où il aurait aimé avoir “avancé davantage”, comme la santé. “Le nouveau gouvernement aura certainement beaucoup de problèmes à résoudre”, a-t-il reconnu ce mercredi.