À Rafah, les ordures s’accumulent et menacent la santé des déplacés

Un système d’assainissement à l’agonie, des ordures qui s’amoncellent sur le bord des routes : à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, des conditions d’hygiène “misérables” s’ajoutent au désespoir de la guerre.

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Des enfants à Rafah, ville palestinienne dans le Sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne, en février 2024. Crédit: UNRWA / X

Nous souffrons des odeurs nauséabondes (…), les égouts sont infestés de moustiques qui piquent les gens et transmettent des infections”, dit Sayed Rafic abu Shanab, qui vit dans cette ville du sud du territoire palestinien où des centaines de milliers de Gazaouis se sont réfugiés après avoir fui les combats.

Selon l’ONU, la détérioration extrême des conditions sanitaires rend la population encore plus vulnérable après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

“Il n’y a pas de collecte des déchets”

L’assainissement est l’une des raisons centrales de la crise nutritionnelle, de la crise sanitaire et, je dirais même, de l’insécurité alimentaire”, a déclaré lundi à des journalistes Jamie McGoldrick, coordinateur humanitaire de l’ONU pour les territoires palestiniens. “Les gens ont faim, mais ils sont encore plus affamés, car leur système immunitaire est affaibli par leurs conditions de vie. Les gens vivent dans des conditions misérables, marquées par le surpeuplement”, a-t-il ajouté.

“Les conditions de vie inhumaines (…) vont permettre à l’hépatite A de se répandre encore plus ”

Tedros Adhanom Ghebreyesus, DG de l’OMS

La bande de Gaza est plongée dans une crise humanitaire majeure. Un habitant sur deux y connaît une situation alimentaire “catastrophique”, en particulier dans le nord où la famine sévira d’ici le mois de mai en l’absence de mesures “urgentes”, ont prévenu lundi les agences spécialisées de l’ONU.

À Rafah, où quelque 1,5 million de civils sont entassés, selon l’ONU, contre une population de 200.000 à 300.000 personnes avant la guerre, couches usagées et boîtes de conserve vides s’entassent au bord des routes, recouvertes de mouches.

Il n’y a pas de collecte des déchets”, explique Jamie McGoldrick. “Dans les camps, sur les routes, les papiers, le plastique, les conserves, les restes de nourriture s’accumulent”, ajoute-t-il. Ces conditions insalubres ont entraîné un bond des maladies infectieuses comme l’hépatite A.

Les conditions de vie inhumaines — quasiment pas d’eau potable, pas de toilettes salubres ni de possibilité de maintenir propres les zones autour — vont permettre à l’hépatite A de se répandre encore plus et soulignent à quel point le contexte est dangereux et explosif pour les maladies” infectieuses, avait déjà averti en janvier le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X.

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Déplacé du nord de la bande de Gaza, Hassan Moustafa a raconté à l’AFP comment l’aggravation des conditions de vie devenait insupportable pour les habitants du camp de tentes où il s’est réfugié. “Cette souffrance dure jour après jour, nous manquons d’eau, de nourriture. Nous espérons retrouver au plus vite notre vie d’avant”, soupire-t-il.

Mais sans un arrêt des combats, les organisations humanitaires ne seront pas vraiment en mesure d’améliorer les choses, prévient Jamie McGoldrick. “Avec des centrales électriques qui ne fonctionnent pas, un système d’eau et d’assainissement hors service ou devant être réparé, nous ne pouvons pas améliorer les choses”, regrette-t-il.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l’attaque sanglante menée par le Hamas le 7 octobre en Israël, qui a entraîné la mort de 1160 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.

L’opération militaire israélienne lancée en représailles a fait plus de 31.800 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.