Face aux quantités jugées insuffisantes de l’aide entrant de cette façon, la communauté internationale cherche à diversifier les voies d’acheminement via des largages aériens ou un couloir maritime depuis Chypre. Israël a aussi fait entrer six camions par le nord de Gaza dans le cadre d’un “projet pilote”.
L’aide arrive généralement en Égypte par les ports de Port-Saïd ou d’al-Arish. Ce dernier, beaucoup plus petit que Port-Saïd, est le plus proche de la bande de Gaza, mais est rapidement débordé, selon des ONG, par les volumes qui y sont débarqués.
Toute cette aide est inspectée par les autorités israéliennes, qui contrôlent scrupuleusement tout ce qui rentre dans le territoire depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Le principal point d’inspection est situé à Kerem Shalom, à la pointe sud-est de la bande de Gaza. Un autre point de contrôle existe à Nitzana, localité israélienne située à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Kerem Shalom.
Avant d’être inspectés, les camions, qui rentrent pour la plupart par le point de passage de Rafah à la frontière entre l’Égypte et Gaza, patientent pendant des jours dans une zone de transit dont la capacité d’accueil d’environ 50 places est jugée insuffisante par les ONG.
Les produits autorisés à entrer après l’inspection sont déchargés des camions dans la zone entre l’Égypte et la bande de Gaza, puis chargés à bord d’autres véhicules conduits par des Palestiniens travaillant pour les ONG en vue de la distribution de l’aide dans le territoire.
Selon les ONG, les contrôles drastiques d’Israël sont la principale raison de la lenteur de l’acheminement. Les autorités israéliennes évoquent l’incapacité des organisations humanitaires à prendre en charge toute l’aide dans la bande de Gaza.
À part Rafah et Kerem Shalom dans le sud, aucun autre point de passage vers la bande de Gaza n’est ouvert.
Les organisations internationales, mais aussi les États-Unis pressent depuis des semaines Israël d’ouvrir des passages vers cette partie du territoire palestinien où la crise humanitaire est la plus profonde.
Israël a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi que six camions d’aide du Programme alimentaire mondial (PAM) étaient entrés directement dans le nord “via la porte 96 de la barrière de sécurité”, un “projet pilote” de l’armée.
L’acheminement de l’aide vers le nord arrivant du sud de Gaza est très complexe en raison des destructions et des combats. La semaine dernière, le PAM avait annoncé qu’un de ses convois avait été bloqué par les autorités israéliennes avant de pouvoir passer dans le nord. Après avoir fait demi-tour, il avait été pillé par “une foule désespérée”.
Selon les autorités israéliennes, 173 camions ont été acheminés vers le nord de la bande de Gaza depuis début mars, contre 207 camions entrés dans le territoire pour la seule journée de mardi.
Face à l’insuffisance de l’aide, plusieurs pays (États-Unis, Jordanie, Émirats arabes unis, France, Belgique…) effectuent des largages aériens, en particulier sur le nord.
L’ouverture d’un couloir maritime entre Chypre et Gaza a permis par ailleurs le départ mardi d’un premier bateau avec 200 tonnes de vivres. Selon l’ONG espagnole propriétaire de ce bateau, Open Arms, la cargaison a été inspectée de façon “exhaustive” par les autorités israéliennes dans le port chypriote de Larnaca.
Un deuxième navire chargé d’aide est prêt à appareiller de Larnaca, mais attend de voir comment se déroule le premier acheminement, a indiqué mercredi le ministre chypriote des Affaires étrangères.
Faibles quantités, caractère aléatoire, dangerosité des largages sur les zones très peuplées : ces initiatives ne sont pas jugées satisfaisantes par les organisations internationales et les Gazaouis.
Le Maroc a indiqué de son côté mardi qu’une cargaison de 40 tonnes d’aide avait atterri à l’aéroport de Tel-Aviv pour être transférée par voie terrestre via Israël jusqu’à Kerem Shalom.