Prochain corridor maritime entre Chypre et Gaza pour acheminer davantage d’aide

L’Union européenne et les États-Unis ont annoncé vendredi l’ouverture prochaine d’un corridor maritime entre Chypre et Gaza pour acheminer l’aide humanitaire dans le territoire palestinien affamé et bombardé sans cesse par Israël, après cinq mois de guerre.

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UNRWA / X

Cette annonce a suivi celle du président américain Joe Biden sur une opération humanitaire majeure par mer impliquant selon des responsables américains la construction d’une “jetée temporaire” à Gaza pour permettre des “aides massives”.

Israël s’est “félicité” du corridor humanitaire maritime prévu entre Chypre et la bande de Gaza, distantes de près de 380 km. Cette initiative “permettra l’augmentation de l’aide (entrant) dans Gaza après un contrôle de sécurité correspondant aux standards israéliens”, a écrit le porte-parole des Affaires étrangères Lior Haiat sur X.

Après cinq mois d’une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du Hamas contre Israël, les frappes israéliennes ont coûté la vie ces dernières 24 heures à au moins 78 personnes, portant à 30.878 le bilan des morts à Gaza depuis le début du conflit, selon le ministère de la santé du mouvement islamiste vendredi.

Pressions internationales

Les États-Unis mettent une pression grandissante sur Israël, leur allié, qui assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer l’aide qu’au compte-gouttes depuis l’Égypte.

Selon l’ONU, sur les 2,4 millions d’habitants dans le territoire exigu, 2,2 millions sont menacés de famine avec de graves manques de nourriture et d’eau potable et 1,7 ont été déplacés par les combats et les frappes israéliennes qui ont aussi provoqué des destructions colossales et réduit le système hospitalier en lambeaux.

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Nous sommes très proches de l’ouverture de ce corridor, avec un peu de chance ce dimanche”, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au port de Larnaca dans le sud de Chypre, le pays de l’Union européenne géographiquement le plus proche de Gaza.

Une première opération pilote sera lancée vendredi, a-t-elle ajouté, accompagnée du président chypriote Nikos Christodoulides.

La situation humanitaire à Gaza est désastreuse (…) C’est pourquoi la Commission européenne, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas, Chypre, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni et les États-Unis annoncent aujourd’hui leur intention d’ouvrir un corridor maritime pour acheminer l’aide humanitaire supplémentaire qui fait cruellement défaut”, selon une déclaration commune des participants.

Tout en reconnaissant que cette opération serait “complexe”, ils ont souligné leur détermination à oeuvrer pour “garantir que l’aide soit acheminée le plus efficacement possible”.

Diversifier les routes d’approvisionnement

Ces derniers jours, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont les États-Unis et la France, ont effectué de nombreux largages aériens de nourriture. Mais ces parachutages, de même que l’envoi d’aide par la mer ne peuvent se substituer à la voie terrestre, estime l’ONU qui met en garde contre une “famine généralisée presque inévitable” à Gaza.

La diversification des routes d’approvisionnement terrestres reste la solution optimale” selon Sigrid Kaag, la coordinatrice de l’ONU chargée de l’aide pour Gaza.

Je travaille d’arrache-pied pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat d’au moins six semaines”, a déclaré Joe Biden dans son discours sur l’état de l’Union jeudi, en appelant Israël à ne pas utiliser l’aide humanitaire comme “monnaie d’échange”.

Selon des responsables américains, la construction d’une “jetée temporaire” à Gaza prendra plusieurs semaines et ne signifie pas le déploiement au sol de soldats américains.

L’entrée des aides et leur acheminement dans différents secteurs de la bande de Gaza notamment dans le nord, restent aussi très difficiles en raison des combats, des bombardements, des destructions et parfois des pillages.

Au moins 20 civils morts de malnutrition

Occupée par l’armée israélienne de 1967 à 2005, la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, est bordée par Israël, l’Égypte qui garde sa frontière fermée et la mer Méditerranée. Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, la plupart des enfants, sont morts de malnutrition et de déshydratation dans le territoire palestinien.

Après quatre jours de négociations infructueuses au Caire, les négociations sur une trêve impliquant les pays médiateurs — Égypte, Qatar, États-Unis — doivent reprendre la semaine prochaine au Caire, selon le média égyptien progouvernemental Al-Qahera News.

Les médiateurs espéraient arracher un accord sur une trêve associée à une libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence en début de semaine prochaine.

Le Hamas réclame avant tout accord un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes de Gaza, ce qu’Israël refuse.