Les négociations continuent pour une trêve à Gaza avant le ramadan

Les négociations entre le Hamas et les médiateurs internationaux continuent mardi au Caire dans l’espoir de parvenir, avant le ramadan, à une trêve dans la bande de Gaza après quasiment cinq mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

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UNRWA / X

Des bombardements israéliens ont de nouveau visé pendant la nuit le territoire palestinien assiégé, notamment les villes de Rafah et Khan Younès dans le sud, faisant au total 97 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Les médiateurs égyptiens, américains et qataris tentent pendant ce temps d’arracher un compromis aux deux camps, afin d’obtenir un accord de trêve avant le début le 10 ou 11 mars du ramadan, mois sacré du jeûne pour les musulmans. Un tel accord permettrait une libération d’otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Les discussions se poursuivent au Caire avec les États-Unis, le Hamas et le Qatar, mais sans représentant israélien, a annoncé la chaîne AlQahera News, proche des services de renseignement égyptiens.

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Les États-Unis, principal soutien d’Israël, réclament avec de plus en plus d’insistance un cessez-le-feu face à la catastrophe humanitaire que la guerre a causée dans la bande de Gaza. Lors d’une rencontre lundi avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a exprimé sa “profonde inquiétude” pour Gaza. Elle a “appelé le Hamas à accepter les conditions qui sont sur la table pour une libération des otages qui se traduirait par un cessez-le-feu immédiat de six semaines et permettrait d’augmenter l’aide humanitaire”.

Mais le Hamas exige notamment, avant tout accord, un cessez-le-feu définitif et un retrait militaire israélien du territoire. Israël rejette ces conditions, disant vouloir poursuivre son offensive jusqu’à l’élimination du Hamas. Selon des médias israéliens, le gouvernement exige que le Hamas lui fournisse une liste précise des otages retenus à Gaza et n’a pas envoyé de délégation au Caire, contrairement au Hamas, car cette liste ne lui a pas été remise.

Un haut responsable de la direction politique du Hamas, Bassem Naim, a accusé mardi Israël de bloquer les négociations, dans une déclaration à l’AFP, et affirmé que “la balle (était) dans le camp” des États-Unis.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël depuis Gaza, qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Environ 250 personnes ont été enlevées le même jour et emmenées dans la bande de Gaza, où 130 sont encore détenues, dont 31 seraient mortes, selon Israël.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’ici 30.631 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Pour parvenir à la “victoire totale”, Israël a annoncé préparer une offensive terrestre sur Rafah, une ville située à l’extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés, selon l’ONU, près d’un million et demi de Palestiniens dans une situation désespérée.

Rafah a une nouvelle fois été touchée par un bombardement pendant la nuit et plusieurs autres frappes ont visé Khan Younès, à quelques kilomètres plus au nord, où les combats au sol se poursuivent, selon un journaliste de l’AFP dans la bande de Gaza.

Dans cette ville, selon le gouvernement du Hamas, des dizaines de frappes israéliennes ont touché les environs de l’Hôpital européen, dans le quartier de Hamad. “Ils ont détruit la maison sans prévenir. Le quartier s’est transformé en un enfer de feu”, a raconté à l’AFP un survivant, Abdullah al-Amour, après une frappe qui a fait 16 morts parmi lesquels un nouveau-né. L’armée a confirmé des bombardements sur ce secteur, ajoutant que l’aviation continuait à mener “des frappes précises contre des cibles du Hamas” à travers le territoire.

À Khan Younès, des Palestiniens continuent à récupérer les corps en décomposition qui jonchent les rues de cette ville transformée en champ de ruines, et les évacuent dans des couvertures. “C’est accablant, inimaginable. Nous avons migré il y a environ 40 ou 50 jours, pour retrouver ce spectacle épouvantable. Nous n’avons plus de voisins, plus d’êtres chers ou d’amis autour de nous. Tout a disparu”, désespère l’un d’eux, Nader Abou Chanab.

La famine “quasiment inévitable”

Selon l’ONU, la famine est “quasiment inévitable” pour 2,2 millions d’habitants de Gaza, soit l’immense majorité de la population, l’aide humanitaire n’arrivant qu’au compte-gouttes alors que les besoins sont immenses.

Cette situation catastrophique est aggravée par les tensions entre l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et Israël, qui réclame son démantèlement. Israël accuse cette agence d’employer “plus de 450 terroristes” du Hamas et d’autres organisations à Gaza, et affirme que 12 de ses employés ont été impliqués dans l’attaque du 7 octobre.

Un tel démantèlement serait “irréfléchi”, a déclaré devant l’Assemblée générale de l’ONU le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini. “En le faisant, nous sacrifierons une génération entière d’enfants, semant les graines de la haine, du ressentiment et d’un futur conflit”, a-t-il averti.

Lazzarini a en outre accusé Israël de faire vivre un “calvaire” aux Palestiniens faits prisonniers à Gaza depuis le début de la guerre. L’agence avait plus tôt lundi accusé les autorités israéliennes d’avoir commis des actes de “torture” contre certains de ses employés arrêtés dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.