Présidentielle au Sénégal : les confréries rentrent en jeu, pour calmer les tensions

Le Khalife général des Tijanes, Serigne Babacar Sy Mansour, a appelé mardi les acteurs politiques sénégalais, les membres de la société civile, ainsi que les citoyens et la jeunesse, à faire preuve de retenue.

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Serigne Babacar Sy Mansour. Crédit: DR

Pour préserver, dit-il, ce que nous avons de plus cher : notre volonté commune de vivre ensemble dans un Sénégal apaisé et réconcilié autour de tous ses enfants. La situation politique très tendue dans notre pays et les derniers évènements qui ont fini d’emporter trois de nos fils interpellent à la fois ma conscience en tant que citoyen et ma responsabilité en tant que chef de communauté religieuse », a dit dans un communiqué rendu public mardi soir et dont la MAP a eu copie, le Khalife général des Tijanes, qui réagissait à la situation qui prévaut actuellement au Sénégal après la décision du report de l’élection présidentielle qui était prévue initialement le 25 février au 15 décembre prochain.

 » Je voudrais m’associer à la douleur de leurs familles à qui je présente mes condoléances les plus attristées, tout en les assurant de mes prières afin qu’ils reposent éternellement en paix », ajoute-t-il.

« C’est à cette paix et à la retenue que j’invite tout le monde, acteurs politiques, membres de la société civile comme simples citoyens, pour préserver ce que nous avons de plus cher: notre volonté commune de vivre ensemble dans un Sénégal apaisé et réconcilié autour de tous ses enfants », affirme le Khalife général des Tijanes.

« M’adressant au Président de la République, Macky Sall, je voudrais l’inviter et l’encourager à privilégier la concertation, le dialogue inclusif et constructif avec toutes les forces vives de la Nation, pour trouver une issue heureuse dans les meilleurs délais à cette impasse, qui, si elle n’est pas dépassée, pourrait plonger notre pays dans une nuit de regrets et de désolation », poursuit-il.

En s’adressant à la classe politique « dans la diversité de ses courants et de ses positions », le Khalife général l’exhorte « à mettre le Sénégal au dessus de ses contingences partisanes et de ses revendications quelque légitimes qu’elles puissent être et à accepter toute main tendue du Président de la République, pour n’entrevoir que l’intérêt exclusif du peuple sénégalais et la préservation du climat social, afin d’aller vers des élections apaisées et inclusives ».

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« La paix de notre pays et son avenir incombent à tous. C’est pourquoi j’invite également les autorités religieuses du Sénégal, sans exclusive, à toujours jouer leur rôle de censeurs pour la réconciliation des cœurs et des esprits », déclare-t-il, tout en invitant les populations, surtout la jeunesse, « dont je comprends les frustrations et les inquiétudes à garder la foi et à faire preuve de retenue ».

Selon lui, « la destruction des biens publics et la confrontation avec les forces de défense et de sécurité n’ont jamais été la solution. Vous êtes la pierre angulaire à partir de laquelle l’avenir de cette nation devra se construire. Que votre voix soit donc entendue dans la concertation et le dialogue. Cela pourra servir d’exutoire à vos insatisfactions », dit Serigne Babacar Sy Mansour dans son communiqué.

« C’est donc confiant que chacun pourra tirer de mes propos ce qui pourra lui être utile et en faire usage profitable, que je me tourne vers Mon Seigneur pour lui tendre mes mains périssables et lui demander de préserver notre pays des démons de la division et de l’antagonisme. Paix et bénédictions sur tous », a-t-il conclu.

Le président Macky Sall avait annoncé le 3 février le report de la présidentielle, qui a été repoussée par une loi adoptée par l’Assemblée nationale au 15 décembre 2024.

M. Macky Sall a justifié le report de la présidentielle par des querelles suscitées par le processus de validation des candidatures par le Conseil constitutionnel. Le chef de l’Etat a dit vouloir une élection incontestable dans le pays.

Il a affirmé également sa volonté « d’apaisement et de réconciliation » et a proposé un dialogue aux acteurs politiques.

Des médias locaux avaient évoqué lundi la possibilité d’adoption mercredi en Conseil des ministres d’un projet de loi d’une amnistie générale.

(Avec MAP)