Face à cette situation exceptionnelle intimement liée au changement climatique, le gouvernement régional catalan et la communauté autonome d’Andalousie ont mis en place des mesures draconiennes pour relever les défis liés à cette situation de sécheresse extrême, qui affecte une dizaine de millions d’habitants dans les deux régions.
« La Catalogne souffre de sa pire sécheresse depuis un siècle », a mis en garde le président de la Generalitat (gouvernement local), Pere Aragonès, en annonçant l’état d’urgence « sécheresse », dans une région qui souffre déjà d’une pénurie de précipitations, depuis plus de trois ans.
Les autorités locales avaient déjà alerté sur la gravité de la situation, envisageant de décréter l’état d’urgence si le niveau des réservoirs tombait sous la barre des 16%, qui a été atteint ces derniers jours, après trois années de sécheresse continue, avec des pluies inférieures à la moyenne. C’est deux fois plus que lors de la plus longue sécheresse répertoriée jusqu’à maintenant, qui avait atteint son point d’orgue en 2008, selon le gouvernement catalan.
L’entrée en vigueur, vendredi dernier, de l’état d’urgence s’est traduite par d’importantes restrictions pour l’agriculture, forcée de restreindre sa consommation d’eau de 80%, et pour l’industrie, qui devrait la réduire de 25%.
De même, les habitants des 202 communes de la Catalogne sont obligés de respecter le plafond maximal de consommation moyenne, sous peine de sanctions contre les réfractaires.
Ce plan d’urgence interdit, en outre, de remplir les piscines, même pour une simple remise à niveau, sauf à de rares exceptions. Une mesure significative pour cette région très touristique et dotée d’un important parc hôtelier. L’arrosage des espaces verts est, lui aussi, désormais interdit, hormis avec de l’eau non potable dans les jardins publics, quand la survie des arbres est en jeu. Pareil pour le lavage des voitures.
Et si le niveau des réserves continue de baisser, les autorités prévoient des restrictions encore plus sévères, comme la fermeture des douches dans les salles de sport ou l’interdiction totale de l’arrosage des jardins publics.
D’ailleurs, une réunion est prévue ce lundi entre la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, et le gouvernement catalan pour voir comment le gouvernement central pourrait aider à apporter de l’eau à la région.
La situation est similaire en Andalousie, autre région d’Espagne qui fait face à une importante sécheresse et qui a dû, elle aussi, introduire des restrictions d’eau, notamment à Séville et à Malaga. Au vu de la situation, « nous avons besoin de 30 jours de pluie » d’affilée, a déclaré le président de cette région, Juan Manuel Moreno, qui n’a pas exclu, lui non plus, un ravitaillement en eau potable par bateau.
Ainsi, les autorités locales ont adopté la semaine dernière une panoplie de mesures pour lutter contre les effets de la sécheresse et prévenir le pire, en mobilisant un budget de plus de 217 millions d’euros. Face aux effets de la sécheresse, qui a poussé des agriculteurs à manifester jeudi à Séville, Moreno a demandé cette semaine à Bruxelles d’activer son fonds de solidarité.
En Andalousie, le parc naturel de Doñana, vaste zone humide classée au patrimoine mondial de l’Unesco, a accueilli l’an dernier un nombre historiquement faible d’oiseaux migrateurs, dans un contexte de désertification accélérée, selon un rapport scientifique publié récemment.
(Avec MAP)