Rentré de Gaza, un médecin de MSF raconte une guerre “jamais vue auparavant”

Un soignant de l’ONG Médecins sans frontières (MSF), qui revient de la bande de Gaza, a raconté, ce vendredi 19 janvier, les hôpitaux saturés, les bombardements israéliens à proximité et les enfants que personne ne peut mettre à l’abri dans le territoire palestinien exigu et assiégé.

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Un nouveau bilan du ministère de la santé du Hamas fait état de 30.228 victimes depuis le 8 octobre. Crédit: MSF

Spécialiste de la médecine de guerre, Enrico Vallaperta a expliqué lors d’une conférence de presse au Caire avoir passé plusieurs semaines à Gaza, où il s’était déjà rendu lors d’un conflit en 2021.

Au lendemain de sa sortie du territoire palestinien, il a décrit “un contexte jamais vu et comme aucun auparavant”, après plus de 100 jours d’opérations militaires israéliennes qui ont fait, selon le ministère de la Santé du Hamas, 24.762 morts — en grande majorité des femmes et des mineurs — et 62.108 blessés.

En Ukraine, où il est allé depuis le début de la guerre avec la Russie, “rapidement, les femmes et les enfants ont pu être envoyés à l’abri”, explique-t-il. “À Gaza, ce n’est pas possible”, affirme cet Italien qui dit avoir soigné de “très nombreux enfants”.

“Aujourd’hui, à Gaza, quasiment tout est détruit et ce qui ne l’est pas est surpeuplé”, a-t-il rapporté, avant de poursuive : » On opère avec le minimum de médication pour être sûrs de ne pas manquer”, alors que selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), seuls 15 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnent encore partiellement, pour 2,4 millions d’habitants.

Le docteur Vallaperta lui-même a dû décider d’évacuer son équipe de l’hôpital al-Aqsa, dans le centre de la bande de Gaza, car “il y avait des bombardements à 150 mètres”. Trois jours après son départ, “un immeuble voisin a été visé et s’est en partie écroulé sur l’hôpital”, raconte-t-il.

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Dans ces conditions, “ce que nous faisons n’est pratiquement rien face aux besoins énormes (…) c’est à peine une goutte dans l’océan”, se désole-t-il. La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée depuis Gaza du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien qui a tué 1140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels.

En représailles, Israël a juré “d’anéantir” le Hamas, et bombarde la bande de Gaza, où des troupes au sol ont été déployées.

Les bombardements israéliens ont rasé des quartiers entiers et provoqué une crise humanitaire dans le territoire palestinien, auquel Israël impose un siège total depuis le 9 octobre après un blocus terrestre, aérien et maritime datant de 2007. Jusqu’ici, rappelle Helen Ottens-Patterson, coordinatrice des opérations d’urgence de MSF depuis Le Caire, l’ONG a pu acheminer 107 tonnes d’aide médicale.

Mais, plaide-t-elle, il faut “plus d’aide, plus d’accès humanitaire à Gaza et la fin des attaques sur les infrastructures de santé” alors que son ONG dit constater ces dernières semaines “un ralentissement de l’acheminement” de l’aide qui entre au compte-goutte depuis l’Égypte avant d’être inspectée dans des terminaux israéliens bordant Gaza.

Le docteur Vallaperta, lui, s’inquiète, car “chaque jour, l’accès à la nourriture et à l’eau est plus difficile” dans des espaces surpeuplés propices aux épidémies.