Nouvelles frappes sur Gaza, où la faim s’aggrave selon l’ONU

L’armée israélienne a de nouveau bombardé jeudi la bande de Gaza, poursuivant sans répit son offensive contre le Hamas dans le territoire palestinien assiégé où “la faim et le désespoir” s’aggravent, selon l’ONU, après plus de deux mois et demi de guerre.

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A general view shows voting results during a United Nations General Assembly meeting to vote on a non-binding resolution demanding "an immediate humanitarian ceasefire" in Gaza at UN headquarters in New York on December 12, 2023. (Photo by ANGELA WEISS / AFP) (Photo by ANGELA WEISS/AFP via Getty Images) Crédit: gettyimages

La guerre, déclenchée le 7 octobre par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël, ne montre aucun signe de répit malgré de lourdes pertes civiles et les appels internationaux à un cessez-le-feu.

Elle a aussi ravivé les tensions à travers le Moyen-Orient, notamment à la frontière nord d’Israël avec le Liban, où l’état-major israélien a évoqué jeudi une possible “expansion des combats”.

Selon un journaliste de l’AFP, des tirs d’artillerie ont frappé pendant la nuit plusieurs endroits du territoire, dont Khan Younès, la grande ville du sud de Gaza où sont réfugiés de nombreux civils ayant fui la guerre plus au nord.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mercredi que 21.110 personnes, en majorité des civils, dont 6300 femmes et 8800 enfants, avaient été tuées à Gaza depuis le début des opérations militaires israéliennes.

En Israël, l’attaque du 7 octobre a fait environ 1140 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens. Environ 250 personnes ont été enlevées par le Hamas, dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, pilonne le petit territoire et y a lancé le 27 octobre une offensive terrestre qui a coûté la vie jusqu’à présent à 167 soldats, selon l’armée.

L’armée a annoncé jeudi poursuivre ses opérations à Khan Younès, qu’elle considère comme un important bastion du Hamas, et dans les camps de réfugiés du centre du territoire, qui abritent aussi de nombreux déplacés.

Dans cette région, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de frappes mortelles dans la nuit à Nousseirat et Deir el-Balah.

L’armée a diffusé des images de ses soldats progressant dans des tunnels creusés, selon elle, par le Hamas à proximité de l’hôpital pédiatrique al-Rantissi, dans l’ouest de la ville de Gaza.

La population de Gaza est en “grand danger” et “souffre de terribles blessures, de faim aiguë, et d’un risque grave de maladies”, a averti mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), présente sur le terrain.

“Des personnes affamées ont bloqué notre convoi dans l’espoir de trouver à manger”, a rapporté l’organisation, affirmant que “la faim et le désespoir” s’aggravent dans le territoire, soumis par Israël à un siège total depuis le 9 octobre.

La guerre a provoqué d’immenses destructions, mis hors service la plupart des hôpitaux et poussé hors de leur foyer 1,9 million de personnes, soit 85 % de la population, selon l’ONU.

Beaucoup ont fui plusieurs fois, poussés sur les routes par l’avancée des combats et les ordres d’évacuation de l’armée, sans pour autant échapper aux bombardements incessants.

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À la pointe sud du territoire, la ville de Rafah, frontalière avec l’Égypte, abrite d’immenses camps où les réfugiés tentent de se protéger du froid hivernal dans des abris de fortune.

Dans ce secteur, “la population s’élève à près d’un million et demi d’habitants”, estime Nedal Abu Shbeka, propriétaire d’un magasin de literie, où les matelas manquent. “Il y a des gens dans les écoles, les camps et d’autres endroits”, raconte-t-il à l’AFP.

“Nous sommes allés au marché pour acheter un matelas, mais nous n’en avons pas trouvé. Nous sommes deux familles de 16 personnes. Nous dormons sur du nylon, sans matelas ni couverture. Même s’il s’agit d’un matelas d’occasion, nous dormirons dessus. La chose la plus importante est de protéger les enfants du froid”, témoigne une déplacée, Balqees Sulaiman Abu Shehab.

Des Palestiniens qui avaient trouvé refuge dans une école de l’ONU dans le camp de Nousseirat ont fui mercredi une nouvelle fois vers le sud en chargeant matelas, couvertures et bagages sur des charrettes ou sur le toit de leurs voitures.

“Même les écoles de l’ONU ne sont plus sûres”, “d’abord nous avons été déplacés à Nousseirat, puis à Rafah. Les gens ne savent plus où aller”, lançait un homme, en ajoutant : “Notre message au monde entier : mettez en place un cessez-le-feu”.

L’aide humanitaire, dont l’entrée à Gaza est contrôlée par Israël, n’arrive qu’en quantité très limitée.

Une résolution adoptée le 22 décembre par le Conseil de sécurité de l’ONU, exigeant l’acheminement d’aide “immédiat” et “à grande échelle”, reste sans effet.

Outre la bande de Gaza, les forces israéliennes ont multiplié dans la nuit les raids en Cisjordanie occupée, notamment à Jénine et à Ramallah, où siège l’Autorité palestinienne, selon l’agence officielle Wafa.

Un Palestinien a été tué jeudi à l’aube lors d’une incursion de l’armée à Ramallah, au cours de laquelle des bureaux de change accusés par Israël de transférer de l’argent au Hamas ont été perquisitionnés, selon l’agence.

Le chef d’état-major israélien, Herzi Halevi, a indiqué que son armée était à “un niveau de préparation très élevé pour une expansion des combats dans le nord”, où les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas et soutenu par l’Iran, sont quotidiens.

Près de la frontière libanaise, dans le Golan annexé par Israël, un drone s’est écrasé pendant la nuit, a indiqué jeudi à l’AFP l’armée israélienne après qu’une nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-Iran a revendiqué une attaque sur ce secteur.

L’Iran a menacé mercredi Israël “d’actions directes et d’autres menées par le front de la résistance” après la mort lundi, dans une frappe en Syrie, qu’il impute à Israël, de Razi Moussavi, un de ses hauts gradés.

Après une trêve d’une semaine fin novembre, négociée par le Qatar avec l’appui des États-Unis et de l’Égypte, les efforts pour parvenir à une nouvelle pause dans les combats restent sans effet.

Cette trêve avait permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée à Gaza d’un important volume d’aide humanitaire.

Un nouvel appel au cessez-le-feu est venu jeudi du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. “Nous réclamons la fin des hostilités et un cessez-le-feu permanent”, a-t-il déclaré lors d’une visite en Irak.

L’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, s’est entretenu cette semaine avec le président américain Joe Biden pour discuter des efforts nécessaires pour “arriver à un cessez-le-feu permanent”, selon Doha.

Mais les deux camps restent intransigeants.

Le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël notamment, exige un arrêt des combats avant toute négociation sur de nouvelles libérations d’otages. Israël est ouvert à l’idée d’une trêve, mais exclut tout cessez-le-feu avant “l’élimination” du mouvement islamiste.