La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante sans précédent du groupe islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, ne connaît aucun répit malgré les pressions internationales, les protagonistes restant inflexibles dans leurs conditions pour une trêve humanitaire.
Pourtant les organisations de l’ONU ne cessent d’alerter sur la situation catastrophique de la population civile dans le territoire surpeuplé de 362 km2, où les bombardements israéliens par air, terre et mer ont détruit des quartiers entiers et déplacé 1,9 million de personnes, soit 85 % de la population d’après l’ONU.
C’est à partir de Gaza, soumise à un blocus israélien depuis plus de 16 ans, que le Hamas a lancé son attaque sur le sud d’Israël voisin, qui a fait environ 1140 morts en majorité des civils selon un décompte de l’AFP basé sur le bilan israélien. Les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, d’après Israël.
“La guerre doit cesser”
En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et pilonne sans relâche Gaza, où au moins 20.057 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tuées et plus de 50.000 blessées selon un dernier bilan du gouvernement du Hamas qui a pris le pouvoir dans le territoire en 2007.
Environ la moitié de la population à Gaza devrait se trouver dans la phase “d’urgence” — qui comprend une malnutrition aiguë très élevée et une surmortalité — d’ici le 7 février, selon un rapport jeudi du système de surveillance de la faim de l’ONU. Et “au moins une famille sur quatre”, soit plus d’un demi-million de personnes, sera confrontée à la “phase 5″, c’est-à-dire à des conditions catastrophiques.
Avec “de telles privations et destructions, chaque jour qui passe ne fera qu’apporter plus de faim, de maladie et de désespoir à la population de Gaza”, a prévenu le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths. “La guerre doit cesser.”
Deux jours après l’attaque du Hamas, Israël a soumis Gaza à un siège total et contrôle toute aide qui y entre via le passage de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte, et un autre nouvellement rouvert appelé Kerem Shalom entre Gaza et Israël.
Des centaines de camions ont été autorisés à entrer dans le territoire, mais l’aide est jugée insuffisante par les ONG et l’ONU et sa distribution reste très aléatoire du fait du pilonnage israélien et des batailles de rue entre soldats israéliens et combattants palestiniens.
Système hospitalier en lambeaux
De plus, les destructions ont réduit le système hospitalier en lambeaux et seuls neuf des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore en partie, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
“Même dans les hôpitaux, des gens avec des fractures ouvertes et en sang nous demandent de la nourriture”, a raconté jeudi Sean Casey, un employé de l’OMS, après s’être rendu dans les hôpitaux Al-Chifa et Al-Ahli. “Si ce n’est pas un signe de désespoir, je ne sais pas ce que c’est.”
Selon le ministère de la Santé du Hamas, des “dizaines” de Palestiniens ont péri dans les frappes israéliennes dans la nuit et le matin sur le territoire palestinien, dont six à Rafah et six à Khan Younès (sud), et des “dizaines” à Gaza-ville et à Jabaliya (nord).
Outre les bombardements aériens, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza qui lui a permis d’avancer vers le sud et de prendre plusieurs secteurs. Vendredi, elle a déploré la mort de deux soldats, ce qui porte à 139 le nombre de ses militaires tués à Gaza.
L’armée a assuré avoir tué “plus de 2.000 terroristes” à Gaza depuis le 1er décembre. Jeudi, elle a annoncé avoir mené 230 frappes en 24 heures. L’une d’elles a notamment ciblé le côté palestinien du point de passage de Kerem Shalom, faisant quatre morts et interrompant provisoirement l’acheminement de l’aide.
“Il n’y a pas d’endroit sûr, tout a été bombardé et les gens ont vraiment peur”, a confié à l’AFPTV Mahmoud el-Mashhid, un déplacé à Khan Younès.
Tentatives de négociations
Dans ce contexte explosif, les efforts se poursuivent pour tenter de parvenir à un compromis en vue d’une nouvelle trêve, après celle d’une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l’acheminement de plus d’aides.
Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, basé à Doha, se trouve chez le médiateur égyptien et Ziad al-Nakhala, le chef du Jihad islamique, un autre mouvement islamiste qui combat au côté du Hamas et détient aussi des otages, est attendu au Caire dans les prochains jours.
Israël dialogue avec le Qatar et les États-Unis, deux autres médiateurs. Mais les positions des belligérants restent très éloignées. Le Hamas pose comme préalable un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages.
Israël est ouvert à l’idée d’une trêve, mais exclut tout cessez-le-feu avant “l’élimination” du Hamas, un objectif “voué à l’échec”, selon le groupe palestinien considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.
Un texte édulcoré
Depuis lundi, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU multiplient les reports, faute de pouvoir s’accorder sur un texte capable d’échapper à un veto des États-Unis, des alliés d’Israël qui ont déjà bloqué deux précédentes résolutions.
Mais un nouveau texte édulcoré désormais au goût des Américains qui ne voulaient pas d’un appel à une cessation des hostilités pourrait être approuvé vendredi. Sans oublier les craintes d’un débordement du conflit et les tensions ravivées au-delà de la région.
À la frontière d’Israël avec le Liban, les échanges de tirs parfois meurtriers entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas, sont quasi quotidiens.
En mer Rouge, la menace d’attaques sur le trafic maritime international par les rebelles Houthis du Yémen, solidaires des Palestiniens, a provoqué un ralentissement du commerce mondial. Les principaux transporteurs ne l’empruntent plus et les États-Unis ont mis en place une coalition pour défendre les navires en mer Rouge.