Younes Masskine, co-fondateur de “Sawt Al Maghrib” : “La mise en lumière de la voix des marginalisés est l’un des plus grands défis actuels”

Le paysage médiatique marocain s’enrichit d’une nouvelle voix avec le lancement de “Sawt Al Maghrib” (thevoice.ma), une initiative ambitieuse menée par les journalistes Younes Messkine et Hanane Bakour. Ce projet innovant se présente comme une réponse aux aspirations de la société marocaine, souhaitant refléter fidèlement ses diverses voix et perspectives. Younes Masskine, directeur de l'information, nous en dévoile les contours.

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TelQuel : Comment votre plateforme abordera et traitera les histoires et les problématiques des marginalisés de manière innovante par rapport aux médias traditionnels ?

Younes Messkine : Chez Sawt Al Maghrib, nous considérons que l’accomplissement des fonctions fondamentales du journalisme, y compris la mise en lumière de la voix des marginalisés, est l’un des plus grands défis actuels.

Nous nous efforçons d’y répondre en développant une méthode et un style de production de contenu journalistique qui réconcilie le journalisme avec ses lecteurs et atteint son public. Nous croyons que la profession journalistique doit faire évoluer ses outils et ses techniques pour suivre le progrès, car ce développement ne se limite pas aux technologies et aux outils, mais comprend également les comportements et modes de vie contemporains, influençant la manière dont le contenu médiatique est consommé, les nouvelles sont reçues et les opinions sont formées.

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Par conséquent, nous considérons que la première étape pour réaliser les fonctions fondamentales du journalisme, y compris donner une voix aux marginalisés et atteindre un large public, sans succomber à la trivialité et aux tendances numériques, consiste à changer les formats par lesquels le contenu journalistique est présenté. Cela se manifeste dans l’accent particulier que nous mettons sur les podcasts et les vidéos destinés aux médias sociaux, pour donner une nouvelle vie au contenu journalistique et lui permettre de remplir ses fonctions fondamentales.

Comment Sawt Al Maghrib contribuera-t-elle à l’évolution et au renforcement de la liberté de la presse et d’expression au Maroc ?

Notre stratégie est simple : porter le message de la profession et rester fidèle à ses valeurs en défendant les droits humains. Choisir le 10 décembre, Journée mondiale des droits de l’Homme, pour révéler notre nouveau site et un échantillon de notre contenu n’était pas un hasard.

“Choisir le 10 décembre, Journée mondiale des droits de l’Homme, pour révéler notre nouveau site n’était pas un hasard”

Younes Messkine

Nous croyons que la défense de la vitalité de la presse et de l’expression ne se fait pas nécessairement en mélangeant les agendas ou en jouant le rôle d’activistes, qu’ils soient politiques ou des droits humains, mais en adhérant aux normes professionnelles et éthiques qui protègent la qualité et l’indépendance du contenu journalistique, que ce soit des pressions et des tentations du pouvoir et de ses extensions, ou de la société et de l’influence potentiellement négative du public. En résumé, la réponse est le professionnalisme comme outil de défense de la profession et de sa liberté.

Pouvez-vous clarifier les principales sources de financement de votre média? Et pouvez-vous expliquer le modèle économique sur lequel repose votre structure ?

Le projet est entièrement autofinancé, et le capital de la société appartient aux journalistes fondateurs, moi-même et ma collègue Hanane Bakour. Ceci explique le retard observé depuis la première étape de création de la société jusqu’au lancement officiel des plateformes.

Initialement, il a été nécessaire de compléter le dossier pour obtenir un prêt d’investissement d’une institution bancaire dans le cadre du programme “Intilaka” pour les porteurs de projets, offrant certains avantages tels que des coûts de prêt presque nuls (en termes de taux d’intérêt), en plus de nos propres ressources, y compris des prêts personnels pour couvrir la part que l’investisseur doit fournir pour obtenir le prêt bancaire, ainsi que les frais de location des locaux, qui sont une condition essentielle.

Naturellement, ces ressources ne suffisent pas à équilibrer financièrement le projet dès le début, et nous comptons sur un modèle économique qui combine la gratuité dans le domaine numérique avec un ciblage du marché publicitaire, puis le lancement d’un magazine hebdomadaire accessible par abonnement, au moins dans sa version numérique au début, en attendant de voir la réaction du marché pour décider de son impression ou non, du volume de tirage possible et de la méthode de distribution la moins coûteuse… C’est notre recette.