Gaza : des dirigeants du Moyen-Orient ont peu de réponses pour l’après-guerre

Des dirigeants du Moyen-Orient se sont réunis au Qatar en quête de solutions pour l’après-guerre à Gaza, avec pour seule certitude leur opposition à l’envoi de leurs troupes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre menée par Israël contre le Hamas.

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Le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh. Crédit: Sinn Féin / Flickr

La question palestinienne est très sensible pour les dirigeants du monde arabe, cette guerre qui dure depuis le 7 octobre ayant déclenché des manifestations massives dans plusieurs pays.

Lors du forum annuel de Doha qui s’est achevé lundi, le Qatar a réaffirmé qu’aucun pays arabe n’enverrait de forces armées pour stabiliser la situation une fois que les hostilités auront cessé. “Personne dans la région n’acceptera d’envoyer des troupes sur le terrain (pour se retrouver devant) un char israélien. C’est inacceptable”, a déclaré le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. Il s’est également opposé à l’envoi d’une force internationale à Gaza dans les conditions actuelles.

Les Palestiniens étaient représentés par l’Autorité palestinienne, au pouvoir en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël. La bande de Gaza est elle contrôlée par le Hamas, au pouvoir depuis 2007.

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, a déclaré que le Hamas ne pouvait pas être éradiqué. Le Hamas “fait partie intégrante de la mosaïque politique palestinienne”, a-t-il souligné lors du forum.

Pourtant, l’éradication du Hamas est l’objectif affiché par Israël qui a juré d’anéantir le mouvement islamiste en représailles à l’attaque perpétrée le 7 octobre depuis Gaza sur le sol israélien, qui a fait 1200 morts, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes.

À Gaza, les bombardements israéliens ont fait au moins 18.412 morts, selon un bilan publié mardi par le gouvernement du Hamas.

“Trop de processus et trop peu de paix”

Si la communauté internationale ne gère pas bien l’après-guerre, a prévenu le Premier ministre jordanien, Bisher al-Khasawneh, “nous allons nous retrouver avec une situation encore plus horrible dans un an ou deux”.

Je pense qu’au cours des trente dernières années, nous avons eu trop de processus et trop peu de paix”, a-t-il ajouté. Il a émis l’espoir que la guerre serve de “signal d’alarme”, d’autant plus que le conflit menace de provoquer un embrasement dans la région.

Depuis le début de la guerre, des groupes liés à l’Iran, qui soutient le Hamas, ont multiplié les attaques contre les forces américaines et alliées en Irak, en Syrie et au Yémen, tandis qu’Israël est engagé dans des affrontements transfrontaliers quasi quotidiens avec le mouvement islamiste Hezbollah au Liban.

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La question israélo-palestinienne est “au centre et au cœur de tous les conflits dans la région”, a déclaré Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. “Ce qui se produit chaque jour à Gaza n’affecte pas seulement les forces en présence au Liban ou au Yémen. Cela touche également toute une génération qui pourrait se radicaliser à cause de ces images”, a-t-il ajouté.

Le forum de Doha n’a cependant débouché sur rien de concret. L’Arabie saoudite, le Liban et l’Égypte n’y étaient pas représentés à un haut niveau. De leur côté, les États-Unis, principal allié diplomatique et militaire d’Israël, ont déjà indiqué que l’Autorité palestinienne pourrait gouverner à la fois Gaza et la Cisjordanie après les hostilités.

Mais les Palestiniens affirment qu’une réponse beaucoup plus fondamentale est nécessaire, une réponse qui prenne au sérieux “un État palestinien indépendant, souverain et viable”, selon les termes de Mohammad Shtayyeh.

Le Qatar, qui accueille sur son sol les dirigeants du Hamas, a rappelé qu’il œuvrait toujours à l’instauration d’une nouvelle trêve, comme celle de novembre qui s’était traduite par une pause d’une semaine dans les combats et l’échange de dizaines d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens et de l’aide humanitaire.

Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani a toutefois prévenu que les bombardements incessants d’Israël sur Gaza “réduisaient la marge de manœuvre” pour un cessez-le-feu. “Nous avons tous la responsabilité collective d’arrêter le massacre, de retourner à la table des négociations pour trouver une solution durable”, a-t-il déclaré.