S’exprimant en visioconférence depuis Rafah, le responsable de l’OMS dans les territoires palestiniens occupés, le Dr Richard Peeperkorn, a indiqué aux journalistes à Genève que le nombre de personnes quittant le centre et le sud de la bande de Gaza “augmentait considérablement”.
Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre dans le nord du territoire palestinien assiégé, l’armée israélienne a étendu ses opérations au sol à l’ensemble de la bande de Gaza, près de deux mois après le début de la guerre déclenchée par l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre.
“La situation empire d’heure en heure. Les bombardements s’intensifient partout, y compris ici dans les zones du sud”, a déclaré Richard Peeperkorn. “Beaucoup de gens sont désespérés et presque en état de choc permanent”.
“Nous sommes proches de l’heure la plus sombre de l’humanité”, a-t-il assuré. “Ces bombardements et les pertes insensées de vies humaines doivent cesser maintenant, et nous avons besoin d’un cessez-le-feu durable”.
En Israël, l’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. L’offensive militaire israélienne a fait près de 16.000 morts, dont de nombreux enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Une trêve d’une semaine a permis la libération de 110 otages, parmi lesquels 80 Israéliens ou binationaux, contre 240 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
“Cette guerre contre les enfants a repris avec une férocité à une échelle dépassant tout ce que nous avions vu dans le sud, et qui est certainement à la hauteur de tout ce que nous avons vu dans le nord”, a déclaré un porte-parole de l’Unicef, James Elder, depuis Le Caire.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis sur pied au début du conflit deux entrepôts médicaux à Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza.
Mais elle a dû vider lundi ses entrepôts en 24 heures après, selon elle, qu’Israël lui a recommandé de le faire. L’armée israélienne a nié mardi matin avoir demandé à l’OMS de retirer son matériel.
“Lorsqu’une armée vous demande ou vous recommande quelque chose, que vous disposez de 24 heures pour le faire et qu’après cela il sera très peu probable que vous puissiez atteindre votre entrepôt, il est évident que vous vous y conformez”, a pourtant assuré le Dr Peeperkorn.
L’OMS a depuis réussi à déplacer environ 90 % du matériel dans un autre site plus petit à Rafah.
Le Dr Peeperkorn a par ailleurs souligné que l’assistance que l’OMS avait pu acheminer à Gaza était “bien trop faible”, et a plaidé en faveur d’un passage régulier de l’aide.
Selon l’OMS, le nombre d’hôpitaux opérationnels à Gaza est passé de 36 à 18 en moins de 60 jours. Trois d’entre eux n’assurent que les premiers soins de base, tandis que les autres ne fournissent que des services partiels.
Douze des dix-huit hôpitaux opérationnels se trouvent dans le sud de la bande de Gaza.
Il reste 1400 lits d’hôpitaux dans le territoire palestinien, mais l’OMS estime qu’il en faudrait 5000.
Méningite, jaunisse, gale, poux, varicelle… les humanitaires font état d’une forte augmentation des maladies. Selon l’OMS, 120.000 cas d’infections respiratoires aiguës ont par exemple été recensés, 86.000 cas de diarrhée, dont 44.000 chez les enfants de moins de cinq ans.
L’absence de toilettes et d’eau potable ne fait qu’accroître les risques de maladies. Il y avait parfois une toilette pour quelque 400 personnes, a indiqué le porte-parole de l’Unicef, de retour de Gaza.