Depuis le début du mois, la maison mère de Facebook et Instagram propose à ses utilisateurs majeurs de l’Union européenne, de Suisse et du reste de l’Espace économique européen (Islande, Norvège, Liechtenstein) de “continuer à utiliser gratuitement” ses services en consentant à livrer leurs données personnelles, “ou de s’abonner à partir de 9,99 euros par mois pour ne plus voir de publicités” personnalisées, vendues bien plus cher aux annonceurs.
Au total, un utilisateur des deux applications devra débourser plus de 250 euros par an, relève dans son communiqué l’association noyb, un sigle qui signifie en français “Ce n’est pas tes affaires”.
“Non seulement le coût est inacceptable, mais les chiffres du secteur indiquent que seuls 3 % des personnes sont volontaires pour être pistés, tandis que 99 % acceptent si refuser implique des frais” mêmes minimes, ajoute noyb qui a déposé sa plainte mardi auprès de l’Autorité autrichienne de protection des données et souhaite l’ouverture d’une procédure d’urgence.
Facebook et Instagram comptent respectivement 144 et 133 millions d’utilisateurs réguliers en Europe hors Royaume-Uni, selon Insider Intelligence.
“Si Meta s’en sort, ses concurrents ne tarderont pas à lui emboîter le pas”, poursuit l’association fondée par le juriste autrichien Max Schrems, parfois surnommé “la bête noire des Gafa”.
En janvier, à la suite d’une plainte de noyb remontant à 2018, le régulateur irlandais avait condamné Meta à payer 390 millions d’euros d’amendes, et l’avait privé du fondement juridique qui l’autorisait à compiler, stocker et analyser les données de millions d’Européens utilisant ses services sans leur demander formellement leur accord.
Début novembre, un régulateur européen a formellement interdit à Meta l’utilisation des données personnelles des utilisateurs sans consentement explicite.
Pour noyb, l’abonnement est “l’antithèse du consentement libre”. “Il est tout simplement lamentable que Meta continue d’ignorer le droit européen”, a déclaré Max Schrems cité dans le communiqué.
Autre géant mondial de la publicité, Google permet à ses utilisateurs d’accepter ou de refuser sans frais de recevoir des publicités ciblées sur leurs préférences personnelles. La formule de Meta est, en revanche, observée de près par TikTok, qui teste hors des États-Unis un abonnement pour éviter la pub.
Contacté par l’AFP, Meta n’avait pas répondu dans l’immédiat.