CESE : le dessalement de l’eau de mer, une solution indispensable pour assurer la sécurité hydrique

Le dessalement de l’eau de mer est désormais considéré comme l’une des solutions prometteuses pour mobiliser d’importants volumes d’eaux non conventionnelles, indispensables à la sécurité hydrique et alimentaire du pays, selon le 12e rapport annuel Conseil économique, social et environnemental (CESE).

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Le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Ainsi, le CESE préconise d’inscrire le dessalement dans une vision nationale concertée afin de parvenir à un mix hydrique résilient face aux mutations climatiques, capable de valoriser et de mobiliser de manière responsable et durable les ressources hydriques conventionnelles et non-conventionnelles pour satisfaire la demande en eau potable des ménages ainsi que les besoins spécifiques des secteurs productifs et des territoires.

Pour neutraliser les impacts délétères potentiels du dessalement, notamment sur les écosystèmes marins dans leur diversité, il convient de veiller à ce que les stations de dessalement soient munies de dispositifs de contrôle, de surveillance, de veille et de suivi continu, souligne le CESE dans ce rapport qui couvre l’année 2022.

Dans le cadre du présent rapport, le CESE a jugé opportun de consacrer le focus de cette année à la gestion du stress hydrique, notamment au vu de la sécheresse sévère que le pays a endurée ces dernières quatre années, culminant en 2022.

L’augmentation de la fréquence et de l’intensité de la sécheresse, dans le contexte du changement climatique, s’est traduite par un sévère déficit hydrique touchant tous les usages, notamment agricole, industriel, touristique, domestique, avec des répercussions majeures à la fois sur l’économie, les écosystèmes, la sécurité humaine notamment hydrique, alimentaire et sanitaire ainsi que les moyens de subsistance pour une grande part de la population.

La criticité de la situation du stress hydrique interpelle toutes les composantes de la société et convoque de ce fait, une rupture majeure dans nos habitudes de consommation ainsi que des inflexions dans les choix politiques, fait savoir la même source.

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Jadis perçue comme un risque conjoncturel, la sécheresse est dorénavant une donne structurelle, exacerbant le stress hydrique qui assaille le pays. Pour répondre à cet enjeu, une intervention urgente visant à atténuer ses effets immédiats, notamment sur les populations, secteurs et territoires vulnérables, se révèle vitale.

Et de rappeler que les pouvoirs publics ont fait preuve de réactivité en déployant un ensemble de mesures de portées conjoncturelle et structurelle afin d’atténuer les effets immédiats de la sécheresse et faire face au stress hydrique à moyen et long termes.

Toutefois, le traitement optimal du stress hydrique, qui est également exacerbé par d’autres facteurs tels que l’augmentation de la demande en eau, nécessite de mettre en place des mesures stratégiques s’inscrivant dans la perspective d’une gouvernance efficace de l’eau, en pleine convergence avec la réforme d’autres secteurs, notamment le secteur agricole.

Les recommandations du CESE

En s’appuyant sur un diagnostic partagé, le CESE formule un ensemble de recommandations visant à orienter les actions et les réformes futures en vue de garantir la sécurité hydrique durable du pays et de renforcer sa résilience face aux risques futurs engendrés par le changement climatique, notamment le phénomène de la sécheresse.

Parmi ces recommandations, le rapport cite la nécessité de développer un plan national de sécheresse, sur la base d’un système d’alerte précoce, compilant des données agrométéorologiques et hydrologiques en temps réel, pour ensuite définir, pour chaque niveau d’alerte, les mesures à prendre, ainsi que les entités responsables de leur mise en œuvre.

Il convient de décliner ces mesures au niveau territorial en prévoyant une batterie de mesures adaptées concernant l’offre en eau et l’efficacité hydrique, de mettre en place un mécanisme institutionnel d’arbitrage et de coordination en période de sécheresse, basé sur une large concertation multi-acteurs aux niveaux central et territorial, visant à opérer un arbitrage inclusif et équitable entre les divers usages de l’eau tout en garantissant la préservation du patrimoine agricole, la sécurité alimentaire et hydrique, ainsi que le maintien de l’emploi.

Il est important également d’envisager la création d’un organe indépendant, qui serait chargé, dans une logique de gestion intégrée des ressources hydriques, de l’allocation optimisée de ce bien national et de la mise en place d’une politique tarifaire des ressources hydriques, sur la base des orientations du Conseil supérieur de l’eau et du climat (CSEC).

Le conseil recommande également d’accélérer le programme de mobilisation des eaux non conventionnelles et particulier par le renforcement des capacités des collectivités territoriales en matière de collecte et de traitement des eaux usées et la diversification des utilisations des eaux traitées dans les domaines agricole et industriel et éventuellement dans la recharge des nappes souterraines et la promotion de l’investissement dans la collecte et l’utilisation des eaux de pluie.

À cet égard, il y a lieu de renforcer les actions de sensibilisation des usagers de l’eau sur la rationalisation des utilisations et l’économie d’eau.

(avec MAP)