Le roi Mohammed VI souligne l’importance des infrastructures en Afrique pour libérer les chaînes de valeur régionales

La mise en place de réseaux intégrés d’infrastructures est une condition nécessaire pour impulser la création de chaînes de valeur régionales, a affirmé le roi Mohammed VI, soulignant que le déficit en infrastructures dans le continent africain est l’un des principaux facteurs qui l’empêchent de réaliser son plein potentiel de croissance économique et d’atteindre ses objectifs de développement.

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En février 2017, sur le pupitre de la salle Nelson Mandela, le roi prononce un discours historique qui marque définitivement le retour du Maroc au sein de l’Union africaine. Crédit: DR

Le gap d’infrastructures des pays africains est particulièrement frappant lorsqu’on confronte les indicateurs de développement des infrastructures en Afrique à ceux des autres régions du monde”, a précisé le souverain dans un message adressé, mercredi, aux participants à la 4e édition du Forum pour l’investissement en Afrique qui se tient du 8 au 10 novembre à Marrakech, sous le thème “Libérer les chaînes de valeur de l’Afrique”.

Le retard de l’Afrique en matière de développement des infrastructures “nous interpelle tous et doit vite être rattrapé” en vue de promouvoir des chaînes de valeur régionales à même d’accélérer la transformation productive des pays africains, a poursuivi le roi dans ce message, dont lecture a été donnée par Omar Kabbaj, conseiller du roi.

Dans ce sens, le souverain a souligné que le secteur de l’énergie est l’un des exemples les plus illustratifs du retard accusé par l’Afrique en matière de développement des infrastructures, notant que le taux d’accès à l’électricité demeure largement faible par rapport aux autres régions du monde en développement, bien que le potentiel énergétique du continent, aussi bien en termes d’énergies fossiles que d’énergies renouvelables, soit considérable.

Il est essentiel, a affirmé le roi, de reconnaître l’ampleur de ce problème et de s’engager à le résoudre de manière décisive, car des infrastructures de qualité ne conduisent pas seulement à la croissance économique, mais aussi au développement humain, en favorisant l’accès aux services de santé et d’éducation et en stimulant la productivité des PME.

Par ailleurs, le Souverain a soutenu que le contexte international actuel, avec ses impacts réels et potentiels sur le continent africain, “nous incite tous à redoubler d’efforts pour rehausser nos capacités productives nationales afin de construire des chaînes de valeur continentales plus solides et résilientes”.

Le développement de chaînes de valeur régionales intégrées permet, souligne-t-l, comme l’a démontré l’expérience de certains pays, notamment en Asie de l’Est, d’intensifier l’investissement productif dans ces régions et d’accroître la compétitivité des entreprises grâce à une meilleure allocation des ressources.

“Le retour sur expérience de la promotion des chaînes de valeur régionales, comme moyen pour atteindre le développement économique et social, démontre que la création d’un système régional de partage de la production a un effet catalyseur sur la croissance et la transformation rapide des économies en développement”, a fait observer le Souverain, précisant que les pays africains sont appelés à adopter une approche intégrée du développement dans “notre espace continental qui permettra la mise en place progressive d’un système de production commun basé sur le partage des plateformes”.

Le roi s’est félicité, à cet égard, du travail accompli par les instances panafricaines pour la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) qui s’inscrit parfaitement dans la vision du souverain pour une Afrique intégrée et prospère.

“La concrétisation de ce rêve africain permettra d’asseoir les bases pour la création de chaînes de valeur régionales devenues une nécessité pour accroître la résilience du continent face aux chocs exogènes et valoriser son potentiel de production et de prospérité”, écrit le roi dans ce message.

Rappelant les multiples défis qui se posent aux pays africains et réduisent considérablement leur capacité à concilier les besoins de développement économique et social et les impératifs des équilibres budgétaires et extérieurs, le souverain a indiqué que face à l’ampleur des besoins de financement du développement en Afrique, le rôle du secteur privé devient de plus en plus important dans l’atteinte des objectifs de développement des pays africains.

“En effet, l’action publique n’est pas, à elle seule, en mesure d’assurer la totalité des investissements nécessaires, y compris dans les secteurs porteurs à fort potentiel et à haute intensité d’emploi”, a relevé le roi, estimant que l’Afrique, qui regorge d’opportunités d’investissement pour les opérateurs privés a plus que jamais besoin d’initiatives audacieuses et innovantes pour encourager l’initiative privée et libérer tout le potentiel du continent.

C’est ainsi que des initiatives comme le Forum pour l’investissement en Afrique, porté par la Banque africaine de développement, constituent, selon le roi, une plateforme bienvenue pour canaliser les investissements privés vers les secteurs économiques les plus prometteurs et renforcer, ainsi, davantage l’intégration des économies africaines dans les chaînes de valeur mondiales.

“Fidèle à son engagement en faveur de l’intégration régionale en Afrique, le Maroc a toujours agi, de concert avec ses partenaires africains, pour mettre en place des projets transformateurs capables d’améliorer considérablement la qualité de vie de millions de personnes en Afrique”, a précisé le roi dans un message adressé, mercredi, aux participants à la 4e édition du Forum pour l’Investissement en Afrique qui se tient.

C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet de Gazoduc Maroc-Nigeria, qui est un exemple emblématique de “notre volonté de bâtir le socle d’une véritable coopération régionale”, a poursuivi le Souverain dans ce message.

Se félicitant de l’intérêt exprimé par les partenaires bilatéraux et multilatéraux pour ce projet, et plus particulièrement les institutions financières régionales et internationales, d’apporter leur concours effectif à la mise en œuvre de ce projet stratégique, le Souverain a affirmé qu’il permettra à l’ensemble des pays qui jalonnent ce Gazoduc d’assurer un approvisionnement fiable en énergie et une résilience accrue contre les chocs exogènes des prix des produits énergétiques.

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Le roi a par ailleurs indiqué qu’au cours des deux dernières décennies, le Maroc a fait du développement de ses infrastructures dans tous les secteurs de l’économie marocaine une priorité de sa stratégie de développement, notant que c’est ce qui a permis au Royaume de disposer d’un modèle à travers sa dynamique d’investissement dans les infrastructures.

Le Souverain a cité, à ce titre, plusieurs exemples susceptibles d’illustrer la politique volontariste déployée par le Royaume en matière de développement de projets infrastructurels de grande envergure qui servent d’appui aux différentes stratégies sectorielles lancées par le Maroc.

“Notre objectif ultime est de porter l’investissement privé à deux tiers de l’investissement total du pays à l’horizon 2035”

Mohammed VI

“Ainsi, en matière d’infrastructures énergétiques, le Royaume dispose aujourd’hui de 4,1 GW de puissance renouvelable installée et poursuit le déploiement de sa stratégie visant à porter la part des énergies renouvelables à plus de 52 % du mix électrique national à l’horizon 2030”, a rappelé le souverain.

Le roi a en outre fait savoir que le réseau des autoroutes au Maroc a atteint actuellement 2000 km, permettant ainsi de relier toutes les villes de plus de 400.000 habitants. “Ce réseau devrait atteindre 3000 km à l’horizon 2030”, a annoncé le souverain.

De même, la ligne ferroviaire à grande vitesse a fait du Maroc le premier pays d’Afrique à lancer un train à 320 km/h, a ajouté le roi, soulignant que le complexe portuaire Tanger Med a permis au Royaume d’intégrer depuis plusieurs années le top 20 mondial de la connectivité logistique en formant la première zone franche industrielle en Afrique.

Les avancées majeures du Maroc en matière de développement des infrastructures vont de pair avec le train de réformes structurelles mises en œuvre, ces deux dernières décennies, visant à réduire les risques de vulnérabilité budgétaire et extérieure et à ancrer l’économie marocaine durablement sur le sentier d’une croissance forte et inclusive, a soutenu le Souverain.

Cette dynamique des investissements devrait, a noté le roi, se renforcer davantage à travers la nouvelle Charte d’investissement qui oriente les investissements vers les priorités stratégiques du pays tout en proposant un cadre incitatif attrayant.

“Notre objectif ultime est de porter l’investissement privé à deux tiers de l’investissement total du pays à l’horizon 2035”, a relevé le souverain dans ce message, mettant en avant le rôle primordial que le secteur privé est appelé à assumer pour contribuer efficacement au dynamisme de relance économique que connaît le Royaume.

(avec MAP)