On a été trompés par le silence des États arabes et musulmans des dernières années. Les peuples n’ont jamais oublié que la cause palestinienne et l’injustice faite aux Palestiniens étaient une source de mobilisation considérable. La question palestinienne reste pour les peuples arabes la mère des batailles”, a souligné Dominique de Villepin sur BFMTV.
Face au “gouffre existentiel” créé en Israël par “l’horreur du 7 octobre”, “nous sommes devant un gouffre géopolitique qui est l’absence de perspective face à une offensive terrestre massive”, a-t-il estimé.
“Sur la scène internationale, il n’y a plus aucun garde-fou”, a-t-il insisté, en soulignant que les États-Unis n’avaient pas les moyens de régler la crise comme par le passé.
“Regardez les réactions en Indonésie, en Afrique, au Nigeria. Tout ça forme un tout. C’est le nouveau monde dans lequel nous sommes, nous ne sommes pas capables de gérer seuls en gendarme du monde”, a-t-il jugé.
L’ancien ministre des Affaires étrangères estime qu’il faut “sortir de cet enfermement occidental” dans “la guerre contre le terrorisme qui n’a jamais été gagnée nulle part et enclenche au contraire des engrenages extrêmement dramatiques”.
“Le plus gros travail aujourd’hui, c’est celui qui consiste pour les pays européens, les États-Unis à aider Israël à avancer au-delà de cette réponse militaire (…) qui est une impasse”, a-t-il estimé.
“Ce n’est pas facile parce que le leadership israélien est menacé par la commission d’enquête” qui va vraisemblablement se mettre en place “et que c’est plus facile de s’en remettre au tout militaire”, a-t-il reconnu.
“C’est difficile parce que la solution à deux États est sortie du logiciel israélien. C’est difficile, car il faut faire émerger des interlocuteurs palestiniens”, a-t-il admis.
“Mais la diplomatie, c’est d’être capable au fond du tunnel d’imaginer qu’une lumière est possible”, a-t-il conclu.
En février 2003, alors chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin avait prononcé un discours marquant devant le Conseil de sécurité de l’ONU, pour dire l’opposition de la France à une intervention militaire américaine précipitée en Irak.