Le projet de loi de finances de 2024 arrive dans un contexte national exceptionnel, marqué par les conséquences du violent tremblement de terre d’Al Haouz et les pertes qui en ont résulté, ainsi que dans une conjoncture mondiale difficile caractérisée par l’incertitude des prévisions à la lumière des pressions inflationnistes persistantes et des tensions géopolitiques, a souligné Nadia Fettah à cette occasion.
Ainsi, le nouveau projet de loi devrait, selon la ministre, répondre aux nouveaux défis à relever, notamment en matière de reconstruction et de réhabilitation des zones touchées par le séisme d’Al Haouz, de gestion du stress hydrique et de consolidation des fondements de l’État social. Nadia Fettah a alors affirmé que le gouvernement est déterminé à faire de ce PLF une concrétisation de l’alignement entre les ambitions du Maroc et ses capacités, à même de renforcer la résilience du système social et économique.
D’après la ministre, cela passe par l’adoption d’une approche globale basée sur quatre axes, à savoir la mise en œuvre immédiate et effective du Programme de reconstruction et de mise à niveau générale des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz, la poursuite de la consolidation des bases de l’État social, le renforcement de la trajectoire de développement, la poursuite des réformes structurelles, et le renforcement de la soutenabilité des finances publiques.
Priorité aux sinistrés
Pour le premier axe, Nadia Fettah a relevé que l’Exécutif a décidé d’allouer des crédits de 2,5 milliards de dirhams des dotations du Fonds spécial de solidarité dédié à la gestion des effets du tremblement de terre, afin de suivre et financer le processus de distribution de l’aide d’urgence aux personnes sinistrées, de mettre à niveau et d’élargir les routes, de réhabiliter les centres de santé et les établissements d’éducation endommagés, ainsi que de soutenir les agriculteurs pour reconstituer le cheptel national et de subventionner l’orge et les aliments composés dans les zones sinistrées.
Le gouvernement veillera également à renforcer les mesures visant à faire face aux impacts conjoncturels qui se sont intensifiés ces dernières années, en particulier en raison de l’accélération des pressions inflationnistes, de la sécheresse et de la pénurie d’eau, ainsi qu’à renforcer les mesures de soutien aux matières premières agricoles et aux aliments destinés au bétail et développer les chaînes de production et de distribution dans le cadre de la stratégie “Génération Green” que le gouvernement continuera de mettre en œuvre en 2024, a-t-elle ajouté.
Il s’agit aussi d’accélérer la mise en œuvre des différentes composantes du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) en prévoyant des crédits supplémentaires de 5 MMDH dans le cadre du PLF, pour porter le total des crédits prévus à plus de 18 MMDH.
25 milliards pour l’aide sociale
Concernant le deuxième axe, Nadia Fettah a indiqué que le gouvernement veille à mettre en place d’une manière progressive du programme d’aide sociale directe, dont le coût devrait s’élever à près 25 milliards de dirhams en 2024, lequel sera financé à travers la contribution de solidarité sur les bénéfices et les revenus des entreprises, outre le travail sur la rationalisation et l’efficacité des programmes sociaux en vigueur, notamment la réforme de la compensation avec des crédits de 16,4 milliards de dirhams.
Le gouvernement poursuivra également la réhabilitation du système national de santé, a fait savoir la ministre, précisant que le département de la santé et de la protection sociale bénéficiera d’un soutien supplémentaire de 2,6 milliards, portant le budget total alloué à ce département à environ 31 milliards.
Côté emploi, Nadia Fettah a avancé que 50.034 emplois seront créés au titre du PLF-2024, contre 48.212 en 2023, ajoutant que l’Exécutif poursuivra la mise en œuvre de la deuxième édition du programme “Awrach” pour atteindre l’objectif de 250.000 emplois et procédera à une évaluation globale du programme “Forsa”.
Dialogue social et promotion de l’investissement
Le gouvernement va aussi continuer, dans le cadre du nouveau projet de loi de finances, à honorer ses obligations en matière de dialogue social, notamment via la mise en œuvre des accords signés dans le but d’améliorer les salaires dans plusieurs secteurs, ce qui coûtera au Budget général de l’État, selon la ministre, des dépenses supplémentaires estimées à 4,2 milliards en 2024, date à laquelle le total des crédits alloués pour la réalisation des engagements du dialogue social devrait atteindre 10 milliards.
Concernant la poursuite des réformes structurelles, en particulier la promotion de l’investissement, la ministre a assuré que le gouvernement poursuivra l’effort d’investissement public et stimulera l’investissement privé.
À cet égard, elle a précisé que l’effort d’investissement public prévu dans le cadre du PLF-2024, est de 335 milliards, ce qui représente une augmentation de 35 milliards par rapport aux 300 milliards qui y ont été dédiés en 2023.
Nadia Fettah a également noté que le gouvernement, à travers le nouveau PLF, va accorder une attention particulière à la mise en œuvre des plans stratégiques sectoriels, en poursuivant la mise en œuvre de la stratégie énergétique, du projet de l’“Offre Maroc” et de la feuille de route stratégique au niveau national pour le secteur du tourisme.
Vers une réforme de la LOF
S’agissant du quatrième axe, elle a noté que l’Exécutif poursuivra la réforme des finances publiques en réformant la loi organique de finances (LOF), notamment via l’adoption d’une nouvelle règle budgétaire visant à maîtriser l’endettement à des niveaux acceptables et l’élargissement du champ d’application de la LOF pour inclure les établissements publics bénéficiant de ressources allouées ou de subventions de l’État.
Compte tenu des besoins de financement pour la mise en œuvre des différents chantiers et programmes évoqués, et de la conjoncture internationale marquée par l’incertitude quant aux perspectives de croissance de l’économie mondiale, le PLF — 2024 table sur une croissance de 3,7 %, avec une inflation limitée à 2,5 % et un déficit budgétaire à 4 %, a fait savoir la ministre.
(avec MAP)