Les pays méditerranéens de l'UE accordent leurs violons sur l'immigration

Les dirigeants des neuf pays méditerranéens de l'Union européenne se retrouvent ce vendredi 29 septembre à Malte pour accorder leurs positions, en particulier sur l'immigration, forts d'une entente inattendue mais croissante entre Emmanuel Macron et Giorgia Meloni et sur fond de négociations toujours difficiles à Bruxelles.

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(image d'illustration) Crédit: AFP

Le chef de l’Etat français et la Première ministre italienne doivent s’entretenir en début d’après-midi en marge de ce sommet du Med9 dans une réunion à trois avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a-t-on appris auprès de la délégation française.

Au coeur de cette rencontre, « la mise en oeuvre du plan en dix points présenté par la présidente de la Commission européenne afin de permettre à l’Union européenne de faire face au défi migratoire », a fait savoir la même source.

Le plan d’urgence pour aider l’Italie avait été présenté lors d’une visite d’Ursula von der Leyen mi-septembre sur l’île italienne de Lampedusa, confrontée à un afflux record de migrants. Après plus d’une semaine d’accalmie liée au mauvais temps, les arrivées de migrants par la mer ont repris vendredi à Lampedusa.

Emmanuel Macron, qui se revendique progressiste et pro-européen, et Giorgia Meloni, à la tête d’une formation postfasciste et élue il y a un an sur un programme aux accents nationalistes, s’étaient déjà entretenus mardi à Rome et portent désormais une « vision partagée de la gestion de la question migratoire », selon Paris.

Le président français avait auparavant salué, dimanche dernier, la position de la cheffe du gouvernement italien, qui « prend sa responsabilité », loin des tensions bilatérales passées sur ce sujet explosif. Et loin aussi de la « réponse simpliste et nationaliste » qu’il a attribuée, sans le nommer, au chef de la Ligue Matteo Salvini, pilier de la coalition gouvernementale italienne mais aussi allié de la figure de proue de l’extrême droite française Marine Le Pen.

Avec cette entente de raison, la France espère que le sommet Med9 à La Valette adressera un « message clair » sur le fait que la réponse est à chercher au « niveau européen ».

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Les pays du Sud de l’Europe, souvent en première ligne, ont pu se réjouir du feu vert donné jeudi à Bruxelles par l’Allemagne à un volet clé du pacte migratoire européen, qui bloquait les négociations sur cette réforme du système d’asile des Vingt-Sept. Rome a toutefois émis quelques réserves, demandant plus de temps pour examiner son contenu plus en détail, ce qui repousse encore un accord.

Malte a donc mis les migrations à l’ordre du jour, où figurent aussi le soutien à l’Ukraine, l’élargissement ou les questions économiques, avant des rendez-vous cruciaux de l’UE, à Grenade en Espagne dans une semaine, puis à Bruxelles fin octobre et en décembre.

Le gouvernement de l’île située entre les côtes italiennes et l’Afrique du Nord a aussi organisé une discussion sur les relations avec les voisins de la « rive Sud » de la mer Méditerranée, parmi lesquels la Tunisie et la Libye, pays de transit migratoire dont les Européens attendent davantage d’efforts pour endiguer les traversées.

Les dirigeants du Med9, qui réunit aussi Croatie, Chypre, Espagne, Grèce, Portugal et Slovénie, vont probablement évoquer l’instabilité au Sahel qui pourrait encore davantage affecter ces pays nord-africains, point de passage obligé pour les migrants d’Afrique subsaharienne.

Giorgia Meloni, confrontée depuis janvier à un nombre d’arrivées en forte hausse par rapport à 2022 malgré ses promesses de fermeté, et Emmanuel Macron, plaident tous deux pour une collaboration plus étroite avec la Tunisie, malgré les craintes des défenseurs des droits humains quant aux pratiques de ce pays du Maghreb.

Les dirigeants doivent également évoquer les défis régionaux que représentent les catastrophes naturelles, après un séisme dévastateur au Maroc et des inondations meurtrières en Libye. « Malte a toujours joué un rôle stratégique dans la Méditerranée », et « il n’y a pas de meilleur endroit pour avoir les discussions importantes prévues dans ce sommet sur l’avenir de la région », a estimé Ursula von der Leyen.