Migrants : Berlin défend le rôle des ONG en Méditerranée après les critiques de Rome

La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a défendu ce jeudi 28 septembre le rôle des ONG qui viennent au secours des migrants tentant d'entrer en Europe via l'Italie, après les récentes critiques de Rome à propos du soutien financier de Berlin à ces organisations.

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Le navire de sauvetage de l'ONG SOS Méditerranée demande l'aide de Paris, Madrid et Athènes pour débarquer 234 migrants, le 3 novembre 2022. Crédit: SOSMedFrance / X

Sauver les personnes de la noyade en mer est une obligation légale et européenne », a souligné Annalena Baerbock lors d’un point presse commun avec le ministre des Affaires étrangères italien Antonio Tajani.

« Les sauveteurs en mer civils, en Méditerranée, accomplissent une mission qui sauve des vies », a-t-elle encore souligné. Malgré les « avis différents au sujet du financement » de ces ONG, le versement de fonds allemands de soutien à trois d’entre elles est « imminent », a-t-elle précisé.

Le nombre des arrivants en Italie sur des bateaux en provenance d’Afrique du Nord a augmenté, avec plus de 130.000 migrants enregistrés jusqu’à présent cette année, contre 70.000 pour la même période de 2022.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a écrit samedi au chancelier Olaf Scholz pour se plaindre du financement par l’Allemagne d’organisations caritatives aidant les migrants irréguliers dans son pays.

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En marge d’une rencontre lundi à Paris avec son homologue française Catherine Colonna, Antonio Tajani avait adressé un satisfecit à la « solidarité » française, et indiqué en revanche attendre des « explications » de Berlin. L’entretien entre les deux ministres jeudi à Berlin a été « cordial et franc », a-t-il décrit.

« Personne ne fait la guerre aux organisations non gouvernementales », a affirmé Tajani, mais « elles ne peuvent pas être (…) une sorte d’aimant pour attirer les migrants irréguliers ».

Tajani a demandé « une action européenne » qui ne laisse « aucun pays seul » pour « empêcher que les trafiquants d’êtres humains exploitent économiquement des femmes et des hommes qui fuient la pauvreté, les maladies ». L’Europe doit être « très sévère » dans sa lutte « contre ces organisations criminelles qui sont les mêmes qui font du trafic d’armes et de drogue », a encore dit le ministre issu des rangs du parti de droite Forza Italia.

Mais la lutte contre l’immigration illégale passe aussi par « des investissements importants de la part de l’Union européenne sur le continent africain », avec une « vision non néocoloniale », a-t-il souligné. Cet entretien bilatéral s’est déroulé pendant qu’à Bruxelles, l’Allemagne donnait son feu vert à un texte clé du pacte migratoire européen, un règlement destiné à organiser une réponse européenne en cas d’afflux massif de migrants dans un pays de l’UE.