Dans un communiqué, le CNP a confirmé avoir engagé une procédure à l’encontre de l’hebdomadaire Charlie Hebdo ainsi que du quotidien Libération auprès du Conseil de déontologie journalistique et de médiation.
Le CNP a rappelé que le 13 septembre dernier, Charlie Hebdo avait publié une caricature incitant à ne pas exprimer de solidarité envers les victimes du séisme et à ne pas apporter de soutien matériel.
La publication a alors été vivement critiquée par le CNP, estimant qu’il s’agit d’un acte inacceptable portant atteinte au principe fondamental de soutien aux victimes des catastrophes naturelles.
Le conseil a alors souligné que, dans de telles circonstances, la priorité absolue doit être accordée aux opérations de secours et au soutien aux victimes, au-delà de toute considération diplomatique ou politique.
Selon l’institution présidée par Younes Mjahed, la caricature parue dans l’hebdomadaire français a gravement nui aux victimes du séisme ainsi qu’à leurs familles, qui ont besoin d’aide et de soutien. Pour le CNP, il est particulièrement préoccupant que certaines de ces victimes aient perdu des membres de leur famille et leurs soutiens, y compris des enfants devenus orphelins qui ne devraient en aucun cas être impliqués dans des différends diplomatiques ou des enjeux politiques.
En ce qui concerne le quotidien Libération, le CNP a rappelé que le journal avait publié en première page, le 11 septembre, une photographie d’une femme victime du séisme, accompagnée du titre “Aidez-nous, nous mourrons en silence”.
Cependant, après des vérifications basées sur des contenus largement partagés sur les réseaux sociaux, y compris une vidéo de la femme en question, le CNP a constaté que tant la photo que le titre de Libération étaient très éloignés de la réalité.
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Pour le Conseil national, cette publication nuit sérieusement à la crédibilité du journalisme et au professionnalisme qui doivent être scrupuleusement respectés lors du traitement de situations à forte dimension humaine, en particulier lors de catastrophes naturelles.
En réponse à la controverse, le média français a rejeté la faute, à demi-mot, sur l’Agence France Presse (AFP) et sur l’auteur de la photographie, Fadel Senna, correspondant de l’AFP au Maroc, soulignant que le contexte n’avait pas été fourni dans la légende de cette dernière : “Nulle mention, dans la légende, du fait que la femme invoque le roi au moment de la prise de vue.”
“Il aurait été bon que l’AFP précise ce qu’elle était en train de crier”, a indiqué la directrice adjointe de libération, Alexandra Schwartzbrod, avant de poursuivre : “Le fait qu’elle puisse implorer le roi à cet instant n’est toutefois pas incompatible avec le fait que cette femme a tout perdu”, insistant sur le fait que le média français “a considéré que cette femme incarnait tous ces Marocaines et Marocaines à la rue à cause du séisme et qui demandaient de l’aide”.
Suite à cette publication et à la réaction de Libération post-parution, le CNP a entre autres reproché au média français la publication en Une d’une victime du séisme avec une déclaration sortie de son contexte, remettant en cause les efforts consentis par les autorités marocaines, les équipes de secours de pays amis et les volontaires, ainsi que la diffusion de fausses informations dans un contexte qui appelle plutôt à la solidarité.
Enfin, le CNP a rappelé que le traitement réservé aux victimes des catastrophes naturelles est entouré par plusieurs précautions, dont le plus important est d’éviter d’exploiter leur image à des fins sensationnalistes.